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"Ça va se jouer à une voix près" : pour faire voter la réforme des retraites à l'Assemblée, le gouvernement multiplie réunions et tractations

Après le vote du Sénat, samedi soir tard, une poignée de conseillers s'active en coulisses pour tenter de convaincre les députés qui hésitent encore. L'entourage de la Première ministre cible particulièrement les élus LR imprévisibles.
Article rédigé par Paul Barcelonne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Elisabeth Borne, la Première ministre, à l'Elysée, le 8 mars 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Pour éviter le 49-3 et une adoption de la réforme des retraites sans vote, la chasse aux voix est ouverte. Et tout se passe presque comme dans la série House Of Cards : tractations secrètes, réunions, coups de téléphone. Après les ministres en charge du dossier "retraites" dimanche 12 mars en fin d’après-midi, ce sont les sept députés et les sept sénateurs de la fameuse CMP, la commission mixte paritaire, qui ont rendez-vous à Matignon ce lundi après-midi.

>>>"Ça peut bouger jusqu'au dernier moment" : les députés des Républicains vont-ils voter la réforme des retraites ?

Objectif : commencer à plancher sur la version du texte sur laquelle ils devront se mettre d’accord à huis clos, dès mercredi 9 h. Le gouvernement n’y assistera pas, mais il compte bien tirer toutes les ficelles pour s’assurer une fumée blanche. Pendant ce temps-là, les ministres ont pour consigne d’arpenter les plateaux, afin d’assurer en bombant le torse qu’ils sont convaincus d’avoir une majorité.

LR, "un groupe d'autoentrepreneurs"

Une poignée de conseillers s’active aussi en coulisses, téléphones vissés à l’oreille, pour tenter de convaincre les députés qui hésitent encore. "Ne pas donner le sentiment qu’on néglige qui que ce soit", souffle un ministre. Les calculettes sont de sortie pour compter et recompter chaque voix dans un seul but : éviter le passage en force qui serait vécu comme une déflagration ou pire, comme une provocation envers l’opinion publique.

Dans le viseur de l'exécutif, il y a – bien sûr – les députés Les Républicains, sans cesse appelés à la responsabilité. En politique, on dit qu’ils ont la clé du scrutin… De quoi semer le trouble. "C’est un groupe d’autoentrepreneurs", s’agace même un fidèle d’Emmanuel Macron. Autrement dit, chez LR, chacun fait ce qu’il lui plaît façon électron libre. Impossible donc de savoir si les députés de droite vont suivre leurs collègues sénateurs, en cas de vote jeudi. "Ça va se jouer à une voix près", s’inquiète sans exagérer un député de la majorité.

Ciotti et Marleix, "des partenaires fiables"

Depuis des semaines, Olivier Marleix, le président du groupe LR à l’Assemblée, et Eric Ciotti, le patron du parti, sont particulièrement choyés. Les deux hommes sont jugés comme "des partenaires fiables" par Matignon. D’ailleurs avec eux, Elisabeth Borne échange entre autres sur les fameuses 43 années de cotisations pour les carrières longues, la surcote pour les mères de famille, mais aussi le "CDI seniors" voté au Sénat.

Toutes ces manœuvres seront-elles suffisantes pour décrocher la quarantaine de voix manquantes pour faire voter le texte ? C'est en tout cas l'estimation qui circule au gouvernement. "Nous ne voulons pas de 49-3", assurait ainsi dimanche soir Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement. Toute la question est de savoir s'il aura vraiment le choix. 

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