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Pouvoir d'achat : il faut aider les travailleurs sociaux, "des précaires qui aident les précaires", souligne le président de la Fédération des acteurs de la solidarité

Face à l'inflation et à l'augmentation généralisée des prix, le gouvernement a dévoilé jeudi son "arsenal de mesures" destinées à protéger le pouvoir d'achat des Français. Sur franceinfo, Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, salue "cette bonne approche", mais demande des "mesures d'urgence et structurelles pour faire de la lutte contre la pauvreté et la précarité un objectif fondamental".

Article rédigé par franceinfo
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Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, en 2021. (Thomas SAMSON / AFP)

Le gouvernement a annoncé son plan de lutte pour le pouvoir d'achat, qui "ne suffit pas", selon Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité qui organise ce vendredi une mobilisation pour la revalorisation du métier des travailleurs sociaux à Paris et Marseille. Il alerte notamment sur la situation de ces travailleurs, "eux-mêmes en situation de précarité".

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franceinfo : Quel est votre ressenti sur cette nouvelle indemnité carburant ?

Pascal Brice : C'est une bonne approche parce que le fait de cibler sur les personnes qui sont réellement défavorisées et ont besoin de ce type d'aides, ça paraît très important. De manière générale, elles sont bien sûr bienvenues, mais pour 10 millions d'hommes, de femmes, de familles qui sont déjà dans la pauvreté et dans la précarité, vous voyez bien que cela ne suffit pas. Pour les pauvres, les précaires, on ne parle pas de pouvoir d'achat, on parle de pouvoir de vivre ou de survivre. C'est ça qui est dangereux. Je salue notamment la volonté de cibler les plus défavorisés, sur cette aide au carburant. Je veux penser que ça va bénéficier aux travailleurs sociaux et travailleuses sociales qui, dans ce pays, sont souvent conduits à se déplacer avec leur véhicule pour aller faire leur métier, faire leur travail, alors qu'ils sont eux-mêmes et elles-mêmes en situation de précarité. Mais ça ne suffit pas. C'est pour cela que nous appelons à faire plus, à aller plus loin maintenant face à l'inflation et dans la durée pour faire disparaître la pauvreté et la précarité dans ce pays, ou en tout cas les réduire massivement.

Plus loin, ça veut dire quoi ? La hausse des minima sociaux qui est annoncée par exemple, du RSA ?

Pour l'année, on n'est même pas au niveau de l'inflation, on sait déjà que toute façon, ça ne suffira pas, ne serait-ce que pour compenser la hausse des prix. Donc nous demandons une hausse de 10% des minima sociaux, des aides au logement, de manière à ce qu'on puisse aider celles et ceux qui en ont le plus besoin.
Je ne sous-estime pas la difficulté sur le plan des finances publiques. Mais il y a des hommes et des femmes pour lesquels c'est une question de survie. Ils sont à peu près 10 millions dans ce pays. Faisons l'effort d'aller le plus loin possible pour qu'elles puissent surmonter cette période de hausse des prix. Mais plus fondamentalement : j'entends le gouvernement parler de plein emploi, formidable, et c'est un objectif auquel nous allons participer. Mais ce n'est pas par magie du plein emploi que la pauvreté et la précarité vont disparaître dans ce pays. Nous demandons des mesures d'urgence et des mesures structurelles pour faire de la lutte contre la pauvreté et la précarité un objectif fondamental.

Vous évoquiez les classes moyennes : elles sont de plus en plus touchées par la précarité et la pauvreté ?

Oui et c'est tout à fait essentiel d'aborder cette situation là parce que la précarité touche de plus en plus de classes moyennes dans ce pays, des gens qui travaillent. Il faut traiter cela. Il faut traiter les difficultés des classes moyennes dans le rapport au travail, sur la valorisation, la rémunération, sur le sens du travail. Et c'est une des vertus, je pense, de la situation politique dans laquelle nous sommes paradoxalement. L'obligation faite aux forces politiques de discuter entre elles, c'est peut-être enfin le moment de dire : la solidarité, on en a besoin, c'est vital pour 10 millions de personnes. Il faut à la fois traiter la question des classes moyennes et la question de la lutte contre la pauvreté et de la précarité. J'irai manifester à Paris tout à l'heure avec nos associations. On le fait aussi à Marseille, un peu partout, pour les travailleurs sociaux et travailleuses sociales, qui sont des précaires qui aident les précaires.

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