"L'effort national en faveur du logement n'a jamais été aussi bas" : des maires dénoncent les carences de la politique dans ce secteur
Alors que le Conseil national de la refondation Logement donnera ses conclusions le 5 juin, les maires alertent les pouvoirs publics sur la crise dans ce secteur. Les permis de construire ont chuté de plus de 11 % sur un an, de mars 2022 à mars 2023. France Urbaine, une association qui représente 2 000 communes, s'inquiète, jeudi 25 mai, de la situation.
Quelle que soit leur étiquette, tous les élus s'alarment de l'aggravation de la situation à cause de l'inflation et de la hausse des taux d'intérêts. Le constat de ces maires est simple. Selon eux, le marché est grippé à tous les étages. La hausse du coût des matériaux entraîne une augmentation des prix du neuf et des logements rénovés. Les taux d'intérêts qui grimpent excluent toujours plus de ménages de l'accession à la propriété.
Dans le parc social, les appartements se libèrent moins vite. C'est le cas à Rennes où il faut désormais attendre trois ans pour avoir un HLM contre 18 mois il y a deux ans. Pour la maire PS de Rennes, Nathalie Appéré, il n'est pas question d'endosser une quelconque responsabilité. "Nous faire porter le chapeau, je trouve ça gonflé. L'effort national en faveur du logement n'a jamais été aussi bas depuis plusieurs décennies. Il est temps que le gouvernement cesse de regarder ailleurs", explique l'élue.
Une hausse du fonds pour la réhabilitation des friches réclamée
Les élus n'ont d'ailleurs pas non plus digéré la fin de la taxe d'habitation. "On ne reviendra pas sur la taxe d'habitation. C'était une martingale électorale mais une faute majeure de gestion urbaine et politique", estime Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président de l'association des maires d'Île-de-France. Les élus pointent aussi la difficulté de construire en artificialisant le moins de sols possibles.
Ces élus veulent que les "maires bâtisseurs" aient plus d'argent avec, par exemple, une augmentation du fonds pour la réhabilitation des friches. Ils réclament aussi plus de liberté d'action. "Un énorme enjeu dans les zones touristiques, c'est évidemment la plus grande autonomie à donner aux maires sur l'arbitrage entre politique du tourisme et politique du logement. C'est valable en Bretagne comme dans d'autres coins du pays, souligne Romain Colas, maire de Boussy-Saint Antoine et vice-président de l'association des maires de petites villes.
"Les habitants sont chassés par le développement d'Airbnb et d'autres plateformes de location et donc, on ne trouve plus à se loger. Il faut laisser la main aux maires là-dessus."
Romain Colas, maire de Boussy-Saint Antoine et vice-président de l'association des maires de petites villesà franceinfo
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D'après eux, l'autre outil à mettre en place, c'est un guichet unique pour les aides au logement. Pour le maire divers gauche de Chambéry, Thierry Repentin, il faut aussi agir directement sur les prix des terrains. "Il faut aussi se donner les moyens de pouvoir agir sur le marché et l'offre de logement par des outils réglementaires innovants, comme cela a été le cas sur l'encadrement des loyers. Nous demandons aujourd'hui l'encadrement des prix du foncier lui-même qui pèse de plus en plus lourd dans le modèle économique de la construction", détaille-t-il.
Selon les élus, le pire de la crise reste à venir avec une chute des permis de construire qui ne se fera sentir sur le marché que dans deux ou trois ans.
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