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Crise de la construction : "Les constructeurs de maisons sont en urgence absolue", alerte le président du Pôle Habitat de la Fédération Française du Bâtiment

La baisse majeure du nombre de chantiers de maisons inquiète la profession. "On est tombé en 2023 à près à 68 000 ventes" soit 50% de moins que la moyenne des années précédentes, alerte sur franceinfo Grégory Monod, le président du Pôle Habitat de la Fédération Française du Bâtiment.
Article rédigé par franceinfo
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Le marché de la construction de maisons est en chute libre en France. (Photo d'illustration) (JEAN-LUC FL?MAL / MAXPPP)

"Les constructeurs de maisons sont en urgence absolue", alerte Grégory Monod, le président du Pôle Habitat de la Fédération Française du Bâtiment, invité vendredi 24 novembre sur franceinfo, alors que le nombre de ventes de maisons neuves a été divisé par deux en 2023. Il s'inquiète de la baisse très importante du nombre de chantiers de logement neufs : "de 122 000" par an depuis 2007 à "près de 68 000 en 2023", alors que cela reste pourtant le moyen d'accéder à la propriété "le plus abordable au mètre carré" pour les classes moyennes "et le logement familial par excellence".

Une situation qui risque de s'aggraver encore l'an prochain avec la fin du prêt à taux zéro, selon lui. "Je dirais que les décisions gouvernementales ne font "qu'accélérer la chute", s'insurge-t-il. "Je n'ai jamais connu cette période là. On est en train d'arriver à un niveau de crise qui va être aussi importante que celle des années 90".

franceinfo : Pouvez-vous dresser un état des lieux de l'année 2023 dans la construction ?

Grégory Monod : Le plongeon est important. Aujourd'hui, les constructeurs de maisons sont en urgence absolue. On est tombé en 2023 à près à 68 000 ventes, par rapport à la moyenne de long terme qui est habituellement de l'ordre de 122 000 maisons neuves en France chaque année depuis 2007. C'est près de 50% en moins. On est en train d'arriver à un niveau de crise qui va être aussi importante que celle des années 90, mais pas pour les mêmes raisons. Dans les années 90, on avait trop construit par rapport aux besoins. Aujourd'hui, on a un besoin qui est là, mais on ne construit plus.
Je dirige une entreprise familiale depuis 1999. Je n'ai jamais connu cette période là. Sur une année normale, on est, en gros, sur 120-150 logements en chantier et, cette année, on va tomber autour des 40-45 logements mis en chantier.

Qu'est-ce qui explique cette baisse ?

Il y a plusieurs phénomènes à cela. Il y a le sujet des coûts de construction, avec l'inflation qu'on a subie sur le prix des matériaux. Et puis l'envolée des taux qui a fait que nous avons déstabilisé une bonne partie de nombre de nos acquéreurs avec une baisse de pouvoir d'achat en gros de l'ordre de 25%.

Est-ce que le pavillon individuel fait encore rêver ou est-ce que cette baisse est aussi le reflet d'un changement d'aspirations des Français ?

Les Français sont toujours très attachés aux logements individuels et à la maison individuelle. Aujourd'hui, on a pu constater que sur certains territoires, il valait mieux densifier au travers de la maison individuelle parce que c'est un habitat qui est très bien accepté. Juste pour rappel, avec l'évolution du prêt à taux zéro, 93% du territoire français n'aura plus la possibilité d'avoir recours à un prêt à taux zéro pour acquérir une maison individuelle, alors qu'il y a une vraie demande ! Ce que l'on trouve un peu dramatique et assez pathétique, c'est cet entêtement à stigmatiser la maison individuelle, alors que c'est un habitat qui est abordable et puis un habitat que veulent les Français ! On a des Français qui ont envie d'habiter dans ces territoires ruraux et périurbains et dans de la maison individuelle.

Est-ce que derrière cette maison individuelle, ce pavillon, il y a aussi l'accession à la propriété des classes moyennes qui est remis en cause ?

Oui, et le prêt à taux zéro était destiné à ces classes-là. Aujourd'hui, la maison individuelle reste le logement le plus abordable en termes de prix au mètre carré ! C'est le logement familial par excellence. Quand on construit une maison individuelle, c'est pour y loger une famille, donc on a une densité de population plus importante que l'on peut avoir dans le collectif.

Comment s'annonce l'année prochaine ?

Aujourd'hui, [avec la fin du prêt à taux zéro], il est clair que la chute va s'accélérer encore sur 2024. On pense qu'on va finir autour des 50-55 000 maisons vendues. Je dirais que les décisions gouvernementales ne font qu'accélérer cette chute, alors qu'elles devraient plutôt réfléchir un peu au projet de société.

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