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"Il faut se mettre en ordre de marche de guerre contre le virus", déclare Laurence Boone, cheffe économiste de l'OCDE

Laurence Boone, cheffe économiste de l’OCDE, explique pourquoi l'institution a revu ses prévisions de croissance à la hausse pour 2021.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
Laurence Boone, cheffe économiste de l'OCDE, invitée de franceinfo le 9 mars 2021. (FRANCEINFO)

L’OCDE vient de publier ses prévisions de croissance pour 2021. L’institution a fortement revu à la hausse son estimation pour le PIB mondial, à 5,6% contre 4,2% initialement prévus. "Il faut se mettre en ordre de marche de guerre contre le virus", a déclaré sur franceinfo mardi 9 février Laurence Boone, cheffe économiste de l’OCDE.

franceinfo : Qu’est-ce qui a permis à l’OCDE de revoir à la hausse ses prévisions de croissance 2021 ?

Nous avons révisé à la hausse nos prévisions de manière assez significative pour deux raisons : la première c’est qu’il y a beaucoup de pays qui arrivent à mieux gérer la pandémie et qui ont commencé à vacciner, on apprend aussi à vivre avec et à continuer de travailler ; et la deuxième raison c’est l’énorme stimulus américain de 1 900 milliards de dollars qui s’ajoutent aux 900 milliards qui avaient déjà été décidés en décembre.

Le plan de relance américain n’est pas seul responsable de la reprise...

Si tout est fermé cela ne sert pas à grand-chose. Ce n’est pas une politique économique normale de fermer des activités. C’est une réaction à un choc sanitaire dû au virus. Donc le but premier pour que l’économie reparte c’est de rouvrir. Et pour rouvrir, il faut vacciner. Les États-Unis vaccinent vite et sont en train de rouvrir en conséquence et en plus ils font un énorme soutien à leurs ménages et leurs entreprises. Donc on pense que ce soutien-là va augmenter la croissance américaine à 6,5% alors qu’on prévoyait 3,2%. Cela va profiter au reste du monde puisqu’il va consommer.

Le plan de relance initié par Joe Biden peut-il entraîner une surchauffe avec comme conséquence une hausse de l’inflation et des taux d’intérêt ?

On voit les taux augmenter aux États-Unis mais c’est normal car les marchés financiers sont en train d’intégrer le fait qu’il va y avoir plus de croissance aux États-Unis, qu’il va peut-être y avoir plus d’inflation parce que ça va aussi aider les prix à redevenir plus vigoureux. Donc, c’est normal que les taux remontent aux États-Unis. En Europe cela ne devrais pas être le cas puisqu’on n’a pas la même impulsion qu’aux États-Unis.

Et la France ?

Nous faisons très attention, nous sommes dans une période d’incertitude incroyable. Pour la France comme pour toute l’Europe, nos prévisions reposent sur le fait qu’on déploie des vaccins de façon accélérée à partir notamment du deuxième trimestre, ce qui aidera à rouvrir l’économie. Et avec tout le soutien qui a été donné – l’Europe a été formidable, que ce soit la Banque centrale européenne, le fonds de résilience de l’Union européenne –… avec tout cela, on émet l’hypothèse qu’il n’y a pas de raison que ça ne reparte pas fort si on rouvre l’économie rapidement.

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