: Vidéo Dans les Vosges, un journal efface le maire d'Epinal d'une photo : l'élu porte plainte
Un hebdomadaire régional a retouché une photo d'une banale inauguration de monument aux morts afin que le maire d'Epinal n'apparaisse pas sur le cliché.
Un journal peut-il impunément "effacer" quelqu'un d'une photo et publier ainsi le cliché retouché ? C'est l'étonnante question soumise à un tribunal d'Epinal (Vosges) par le député-maire de la ville, outré que son image ait disparu d'un hebdomadaire dirigé par un de ses ennemis politiques. Mardi 21 octobre, l'élu UMP Michel Heinrich a ainsi réclamé un euro de dommages et intérêts au magazine local L'Echo des Vosges, dont le propriétaire, l'industriel Alain Thirion, est l'un de ses adversaires historiques.
Au cœur du conflit, une photo d'un événement local banal : l'inauguration en mai dernier d'un monument aux morts à Rehaincourt, un petit village des Vosges de 300 habitants. Parmi les personnalités présentes figurent le maire du village, le président du conseil général Christian Poncelet et, au centre, Michel Heinrich. Mais lorsque la photo de l'événement paraît dans L'Echo des Vosges, surprise : le député-maire d'Epinal a disparu du cliché, "ainsi, au passage, que l'une des jambes du maire du village", raille l'avocat de l'édile, Laurent Bentz.
Pour le conseil, le procédé – que ne conteste pas l'hebdomadaire – ne relève certes pas de la diffamation ou de l'injure. Mais il manifeste malgré tout, à ses yeux, une "intention de nuire" et une "malhonnêteté intellectuelle", qui valent réparation. "La liberté de la presse, ça n'est pas la liberté de s'affranchir des principes de son métier", fait-il valoir, en citant la charte d'éthique professionnelle des journalistes, qui exige du métier "véracité" et "exactitude", et qui condamne "l'altération des documents".
En réponse, l'avocat de L'Echo des Vosges, Alain Behr, estime que ce n'est pas à un tribunal "de régler les problèmes narcissiques de Monsieur Heinrich". "La presse est libre", martèle l'avocat, pour qui "aucune infraction" n'a été commise dans ce dossier où "un élu poursuit un organe de presse parce qu'il n'est pas sur la photo". "Digne de 'San-Antonio'", cette affaire "fait rire tout le monde", regrette-il. Le jugement sera rendu le 12 décembre.
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