Les journalistes de l'Est Républicain ont testé la correction de leurs articles grâce à Chat GPT

C'est une expérimentation inédite à la rédaction du journal L'Est Républicain, depuis trois mois. Les journalistes ont testé l'utilisation de l'intelligence artificielle pour corriger des articles.
Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le groupe Ebra détient de nombreux journaux de l'est de la France comme "l'Est Républicain", "Le Progrès", "l'Alsace", "Vosges matin" ou encore le "Dauphiné Libéré" (photo d'illustration). (JOEL PHILIPPON / MAXPPP)

Depuis trois mois, les journalistes de l'Est Républicain se prêtent à une expérimentation inédite à la rédaction du journal. Ils ont testé l'utilisation de l'intelligence artificielle pour corriger des articles. Près de 700 papiers ont été remaniés par Chat GPT, dans sa version gratuite ou payante. Il s'agit uniquement des articles écrits par les correspondants locaux, qui n'ont pas le statut de journalistes mais de travailleurs indépendants. Ils couvrent l'actualité d'une commune, que ce soit un mariage, l'ouverture d'un commerce ou une rencontre sportive.

Habituellement, ce sont les secrétaires de rédaction qui corrigent, reformulent ou choisissent un titre. Cet hiver, une dizaine d'entre eux a accepté de confier ces tâches à une intelligence artificielle, tout en supervisant le travail du robot. Résultat : un important gain de temps, de plusieurs minutes par texte. Sur ce point, direction et syndicats parlent d'une seule voix. Ils se rejoignent aussi sur les erreurs commises par l'outil conversationnel, avec des noms de villes écorchés et des citations modifiées. Parfois, l'IA a tendance à tirer elle-même des conclusions, voire à faire une petite leçon de morale.

Cette expérimentation avait suscité une levée de boucliers en novembre, au point que la direction du groupe Ebra, auquel appartient L'Est Républicain, avait suspendu son projet à la fin du mois d'octobre dernier. Le projet avait finalement été rétabli quelques jours plus tard et le test a bien eu lieu, comme le raconte Rue 89 Lyon.

Des points de divergences entre dirigeants et organisations syndicales

Pour les syndicats, les réponses de l'IA sont quelquefois inadaptées. Elles proposent aussi toujours le même style d'écriture, ce qui donne des textes uniformisés. La direction, de son côté, estime au contraire que le robot est plutôt fiable et qu'il permet au secrétaire de rédaction de se concentrer sur autre chose. Le bilan est jugé positif, en tout cas prometteur, si bien que le groupe Ebra, auquel appartient l'Est Républicain, veut lancer de nouvelles expérimentations. Une charte pour encadrer l'usage de l'intelligence artificielle est par ailleurs en train d'être instaurée.

C'est ce qu'ont déjà fait d'autres groupes de presse comme Le Monde, Le Figaro, Les Echos-Le Parisien, Ouest-France. Tous ont posé un cadre strict à l'utilisation de l'IA, en précisant, par exemple, que cela ne doit pas se substituer aux équipes éditoriales. Chat GPT ou autres ne doivent être qu'un outil d'assistance, mais dont les médias ne veulent pas se passer, c'est tout de même un progrès fantastique. Il aide à la traduction, à retranscrire une interview orale, à faire une version audio d'articles écrits, à repérer des contenus manipulés, comme les deepfakes, ou des fausses informations dans des prises de parole de personnalités publiques. Toujours, évidemment, sous la surveillance d'un humain.

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