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Infographies Les Français se méfient des médias et réclament davantage de transparence, selon une étude de l'Ifop

"La confiance dans les médias et l'information est (...) profondément ébranlée", constate ce sondage effectué pour l'application flint.media, mené début juin et dévoilé mercredi.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron s'adresse aux Français au sujet de l'épidémie de Covid-19, depuis l'Elysée, le 31 mars 2021. (MARTIN BUREAU / AFP)

Les Français sont-ils fâchés avec les médias ? C'est en tout cas ce que semble démontrer une étude de l'Ifop pour l'application d'intelligence artificielle flint.media*, publiée jeudi 17 juin et dont franceinfo a pris connaissance. Elle met en lumière un rapport très dégradé de nos concitoyens à l'information et à ses fabricants, et une demande de davantage de transparence. Voici les grandes leçons à retenir de ce sondage intitulé "Le regard des Français sur les médias et l'information".

Une méfiance généralisée vis-à-vis des médias

"La confiance dans les médias et l'information est (...) profondément ébranlée", relève la note d'analyse de l'Ifop qui accompagne ce sondage, faisait étant d'"une marée de sentiments négatifs" à l'encontre des médias. 

Plus de la moitié des personnes interrogées (55%) ont en effet cité au moins la "méfiance" pour qualifier leur ressenti vis-à-vis des médias et de l'information (deux réponses étaient possibles parmi dix sentiments proposés). Cette réponse arrive très loin devant les autres, puisque viennent ensuite la "colère" (18% de citations) et le "dégoût" (17%). Les premiers sentiments positifs cités, "l'intérêt" (16%) et la "curiosité" (15%) arrivent ensuite, avec un niveau de citations faible et relativement similaire aux deux derniers sentiments négatifs (sur ces résultats, la marge d'erreur est d'environ 2 points).

Fait notable, "au-delà de différences sociales attendues (...), la méfiance s'impose au premier rang dans toutes les catégories sociales", ce qui témoigne "d'un rapport dominant, partagé, 'interclassiste' de l'opinion aux médias", indique la note d'analyse de l'étude. Néanmoins, quelques différences selon le type de profession ou l'âge peuvent être relevées : le sentiment négatif extrême de "dégoût" est bien plus cité que la moyenne chez les ouvriers (26% contre 17%) et "l'indifférence" aux médias et à l’information bien plus choisie par les jeunes (24% contre 11% en moyenne).

Les médias ne sont pas perçus comme aidant à se faire sa propre opinion

Au-delà des sentiments négatifs, les Français font majoritairement état d'une difficulté à se faire leur propre opinion sur les sujets d'actualité grâce aux médias (ils sont 52% à le dire, dont 40% de "plutôt pas" et 12% de "pas du tout"). "Cette difficulté peut sans doute être expliquée par trois constats partagés : un doute sur la véracité des informations, le sentiment d'uniformisation des médias et une impression de submersion", détaille la note d'analyse.

La véracité des informations est mise en doute

"La parole médiatique, comme la parole politique et institutionnelle, se heurte à un terrain de réception fortement sceptique", souligne en effet l'Ifop, puisque plus des deux tiers (67%) des Français disent "douter de la véracité" des informations qu’ils reçoivent, même lorsqu'elles proviennent de "médias reconnus". Par conséquent, "ce doute crée un besoin important de retour et d'accès aux sources de l’information" : 83% des Français aimeraient connaître les sources de l'information qui leur est délivrée pour pouvoir "vérifier par eux-mêmes". C'est particulièrement vrai pour ceux se disant proches du Rassemblement national (88%).

Un sentiment d'uniformisation de l'information

Par ailleurs, "alors que le nombre et la diversité des supports d'information n'ont jamais été aussi importants, l'idée d'une information 'mainstream' (...) s'impose fortement dans l'opinion", note l'étude. Plus des trois quarts (76%) des Français considèrent ainsi que "les médias ont de plus en plus tendance à dire la même chose et que la diversité des points de vue exprimés s’est réduite ces dernières années" et 89% ont le sentiment de "voir passer toujours les mêmes informations". "Cette perception d'uniformisation médiatique a évidemment des conséquences sur la perception de la qualité de l'information et est une des causes de la perte d’intérêt pour l’information", souligne la note d'analyse : 82% des Français disent voir "passer trop d’informations inutiles" et 71% déclarent que la plupart des informations traitent de sujets qui les "intéressent peu".

Un trop-plein d'information 

Plus de sept Français sur dix (73%) ont le sentiment d’être submergés par l’information car "omniprésente et surabondante", selon la note d'analyse. En conséquence, noyés dans la profusion, presque la moitié des Français (48%) "apparaissent perdus dans le champ informationnel et avouent qu'il leur est difficile de trouver la bonne information lorsqu'ils la cherchent", souligne l'Ifop. C'est particulièrement vrai pour les plus de 65 ans (61%).

Le débat public est jugé trop conflictuel

"C'est un constat qui fait absolument consensus dans l’opinion : le débat public est trop brutal, trop polarisé et manque d'apaisement", constate l'Ifop. Plus de 90% des Français sont ainsi "tout à fait d'accord" ou "plutôt d'accord" avec l'affirmation : "Aujourd'hui, dans notre société, il n'est plus possible de débattre sans que cela ne tourne aux dialogues de sourds, voire à l'affrontement".

"Cette représentation d'un débat public chaotique et conflictuel est en partie à l’origine d’un rapport stressant aux médias et à l’information", souligne l'Ifop, puisque 59% des Français admettent que l'information est "souvent" pour eux source de "déprime" et de "stress". Et ce, quels que soient la catégorie professionnelle, le sexe, l'âge ou le positionnement politique. 

(*) Enquête menée auprès d'un échantillon de 1 011 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus via un questionnaire en ligne auto-administré les 1er et 2 juin 2021.

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