Attentat de Charlie Hebdo - Michel Catalano inaugure sa nouvelle imprimerie : "La reconstruction, ça m'apaise"
Le 9 janvier 2015, les frères Kouachi, auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo avaient choisi son imprimerie comme camp de retranchement. Michel Catalano inaugure jeudi 29 septembre sa nouvelle imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). Il se confie à franceinfo.
Son imprimerie à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne) avait servi de camp de retranchement pour les frères Kouachi, auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo, le 9 janvier 2015. Et elle avait été partiellement détruite par l'assaut des forces spéciales. Michel Catalano, inaugure ses nouveaux locaux jeudi 29 septembre, en présence de François Hollande. Un nouveau départ qu'il a failli ne pas reprendre en raison du "choc".
Franceinfo : Pourquoi avez-vous hésité avant de rouvrir votre imprimerie sur le même site ?
Michel Catalano : C'était un choc très important pour moi et ma famille ce qu'on a vécu ce jour-là. Et le fait d'avoir l'entreprise complètement détruite, ça été un choc tellement fort qu'on a envisagé de ne pas repartir.
Mais on a eu du soutien. Des milliers de lettres et de messages de gens du coin qui nous ont dit "Il faut continuer". J'ai eu le président de la République, qui m'a dit "Si vous voulez continuer, on fera en sorte de vous aider". Alors j'ai décidé de le faire. Et plus les jours passaient, plus cette envie est devenue une évidence. Je m'apercevais que toutes les démarches que je faisais, les combats que je menais auprès des assurances, ça me redonnait une force que j'avais eu l'impression d'avoir perdue. Ça me permettait de supporter les journées difficiles.
Êtes-vous parvenu à effacer le traumatisme, à gommer ces 90 minutes passées avec les frères Kouachi ?
Je me réveille tous les jours vers deux heures du matin. Je dors de 23 heures à 2 heures du matin... et je me réveille. Et ça fait vingt mois que ça dure. Non, le traumatisme n'a pas complètement disparu. Je me rappelle exactement ce qui s'est passé pendant le temps que j'ai passé avec eux. Mais aussi pendant toute la journée, puisque ça a été un supplice d'attendre que Lilian sorte du bâtiment.
Lilian Lepère, qui était l'un de vos employés cachés sous l'évier...
Oui. Je n'ai pas encore évacué tout ça. Ça va être long. Mais j'ai compris qu'on peut vivre avec ça. C'est pour ça d'ailleurs que j'ai décidé de reconstruire mon bâtiment. Parce que, justement, j'ai envie de vivre. Et vivre, c'est aussi envisager l'avenir en prenant des risques. Des risques financiers, cette fois-ci.
En quoi votre imprimerie est-elle différente aujourd'hui de celle qu'elle était avant le 9 janvier 2015 ?
Il y a des endroits dans l'imprimerie dans lesquels je me sens encore un peu étouffé parce qu'ils n'ont pas trop changé. Il était important pour moi de donner un autre aspect à l'entreprise. On a fait un parking, on a agrandi le bâtiment, on a changé la couleur du bâtiment. On a changé tout ce qu'on pouvait changer. Parce que chaque fois que je voyais quelque chose qui pouvait me rappeler ce que j'avais vécu, j'avais un flash.
La reconstruction du bâtiment, le fait qu'il y ait de la vie dans l'entreprise, que l'on fasse tourner les machines... ça m'apaise. Comme un médicament. Ça ne disparaît pas. La douleur est toujours là. Mais ça m'apaise. De toute façon, je resterai attaché à ça. On ne peut pas se dissocier de ça.
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