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"Trimestre anti-inflation", chèque alimentaire... Cinq questions sur les mesures du gouvernement face à la hausse des prix

Dès les prochains jours et jusqu'au mois de juin, les distributeurs proposeront "un niveau de prix le plus bas possible" sur un nombre "élevé" de produits qu'ils sélectionneront, a annoncé lundi Bruno Le Maire.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un supermarché à Montaigu-Vendée (Vendée), le 8 septembre 2022. (MATHIEU THOMASSET / HANS LUCAS / AFP)

Une nouvelle réponse au "choc inflationniste le plus lourd depuis les années 1970". Face à l'inflation alimentaire en France, qui a atteint 14,5% sur un an en février d'après l'Insee, le gouvernement a annoncé, lundi 6 mars, la mise en place d'un "trimestre anti-inflation" dans les supermarchés avec "un niveau de prix le plus bas possible" sur une sélection de produits. 

Cette opération, qui s'appliquera sur des produits dont la sélection sera laissée aux distributeurs, entrera en vigueur dans les prochains jours, a précisé le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, lors d'un point presse à l'issue d'une réunion avec les distributeurs. Elle restera donc effective jusqu'au mois de juin. 

Le ministre a en outre annoncé l'expérimentation d'un chèque alimentaire pour les Français "les plus modestes", "lancée dans les prochains mois". Franceinfo répond à cinq questions sur ces nouvelles annonces pour faire face à l'inflation des produits alimentaires

1 En quoi va consister ce "trimestre anti-inflation" ? 

Dès les prochains jours et jusqu'au mois de juin, les distributeurs proposeront "un niveau de prix le plus bas possible" sur un nombre "élevé" de produits qu'ils sélectionneront, a annoncé lundi Bruno Le Maire. L'effort sera "pris sur les marges des distributeurs", et représentera "plusieurs centaines de millions d'euros", a affirmé le ministre à Bercy. 

"Chaque distributeur fera les efforts qu'il souhaite sur un certain nombre de produits qu'il définira", a-t-il résumé en présence d'Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée notamment des PME et du Commerce, et de représentants du secteur de la distribution.  "Je crois à la liberté de commerce, on ne va pas fixer les prix… On ne fixe pas les prix administrativement", a ajouté le ministre. " Nous nous assurerons simplement que les engagements pris par les distributeurs seront respectés." Pour cela, Bruno Le Maire a assuré que les services de son ministère, particulièrement la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, effectueraient des contrôles dans les supermarchés afin de s'assurer du respect de ces engagements. 

À l'issue de ce trimestre, les négociations commerciales avec les fournisseurs de l'agro-industrie, qui se sont achevées mercredi, reprendront. "Nous rouvrirons les négociations commerciales avec les grands industriels de façon à ce que la baisse des prix de gros, que nous observons sur les marchés, mais qui n'est pas encore transmise aux produits de consommation courante, puisse se traduire" sur les produits du quotidien, a assuré lundi Bruno Le Maire. "On ne va pas attendre la fin 2023 pour que la baisse des prix de gros se répercute sur les produits de détail." 

2 Quels seront les produits concernés ? 

Les produits concernés seront choisis par chacun des distributeurs, et pourront être différents d'une région à l'autre. Ils seront identifiables à partir des prochains jours grâce à un logo tricolore "trimestre anti-inflation". Dominique Schelcher, PDG de Système U, en a dévoilé l'identité visuelle sur Twitter.

Ces opérations commerciales pour faire face à l'inflation des prix alimentaires porteront  "principalement sur nos marques distributeurs, puisque ce sont sur ces marques-là que nous avons le plus de latitude pour (…) bloquer des prix pendant 100 jours", a précisé lors du point presse à Bercy Alexandre Bompard, PDG de Carrefour. Les marques concernées sont par exemple Reflets de France, Marque Repère ou encore les marques U.

3 Qu'ont déjà annoncé les distributeurs ? 

Dès le début du mois de février, Système U avait communiqué autour d'un panier de "150 produits à prix coûtant", lancé pour "une durée indéterminée". D'autres distributeurs ont suivi ces derniers jours. Auprès du Journal du dimanche, Alexandre Bompard a dévoilé dimanche la création d'un panier "essentiel et nutrition" dans les magasins Carrefour. Celui-ci comprendra 200 produits (dont 100 dits "du quotidien" et 100 ayant un Nutri-Score A et B) des marques Carrefour et Simpl, dont les prix seront bloqués autour de 2 euros entre le 15 mars et le 15 juin. 

Dimanche également, Intermarché a annoncé le lancement d'une campagne sur "500 produits anti-inflation", parmi lesquels 30 "produits frais de rayons traditionnels – viande, poisson, fruit ou légume". Monoprix, une enseigne du groupe Casino, a en parallèle assuré que son dispositif "Monopetitsprix" resterait en vigueur jusqu'à la fin du mois de juin. Quelque 300 produits resteront ainsi à prix bloqués, en parallèle de 87 produits complémentaires à "prix contrôlés"

"Je n'ai pas attendu une réunion publique pour être moins cher", a de son côté affirmé sur CNews Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres Leclerc. Le premier réseau de distribution français "ne s'interdit rien", mais son patron "préfère pour le moment être moins cher sur tout" et éviter "un cône aussi restreint de communication" qui "donne l'impression qu'on se rattrape sur le reste".

4 Qu'en est-il de l'idée d'un "panier anti-inflation" ? 

Ces annonces, tant du côté de Bercy que des distributeurs, font suite à une précédente proposition du gouvernement de lancer un "panier anti-inflation". "L'une des possibilités, c'est d'avoir un panier de produits de première nécessité d'une vingtaine de produits, que la grande distribution s'engagerait à vendre presque à prix coûtant", avait déclaré en début d'année le ministère du Commerce à l'AFP.

Olivia Grégoire avait toutefois reconnu, début février sur Europe 1, qu'"entre l'idée et l'action, c'est toujours compliqué". Elle avait alors évoqué une cinquantaine de produits pour ce panier, "à prix bas et non pas à prix coûtant". "C'est compliqué parce que les grands distributeurs ne sont pas forcément d'accord sur le panier", avait concédé de son côté le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, sur RMC.

Sur franceinfo samedi, deux jours avant les annonces sur le "trimestre anti-inflation", la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, avait confirmé que l'idée du panier anti-inflation "[n'adviendrait] pas". 

5 En quoi consiste le chèque alimentaire ? 

En parallèle de cette opération dans les grandes surfaces, à destination de l'ensemble des consommateurs, "il y aura un chèque alimentaire pour les plus modestes", a poursuivi lundi Bruno Le maire. "Une expérimentation sera lancée par les ministres de l'Agriculture Marc Fesneau et le ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe dans les tout prochains mois", a-t-il affirmé.

Le chèque alimentaire était une proposition de la Convention citoyenne pour le climat en 2020, afin d'acheter "des produits durables". L'idée était devenue un engagement d'Emmanuel Macron, finalement repoussé à plus tard, car jugé trop complexe à mettre en œuvre par le gouvernement. "C'est très compliqué à mettre en place, je ne vous le cache pas", avait prévenu Bruno Le Maire en 2021 sur BFMTV. Le projet a refait surface pendant la campagne présidentielle, avec un nouvel engagement du président-candidat Macron. 

L'expérimentation annoncée par Bruno Le Maire lundi "se fera sur une base territoriale, sans doute le département, de façon à être au plus près des consommateurs et au plus près des producteurs agricoles également", selon le ministre. 

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