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Le logement est-il encore une priorité du gouvernement ?

Le budget du 1% logement pourrait être ponctionné, selon "Le Figaro". L'information n'est pas confirmée, mais les acteurs du secteur sont inquiets. Explications.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La ministre du Logement et de l'Egalité des territoires, Cécile Duflot, le 18 avril 2012 à Paris. (BERTRAND GUAY / AFP)

Le logement, dernière roue du carrosse pour le gouvernement ? Jérôme Cahuzac, le ministre du Budget, envisage de prélever 1,8 milliard d’euros en 2013 sur le budget d’Action Logement, l’ancien 1% logement, selon Le Figaro.fr. Inacceptable pour l'Union des entreprises et des salariés pour le logement (UESL) : ce prélèvement "priverait définitivement [Action Logement] de ses moyens financiers". 

Quelles sont les craintes des acteurs du logement ? FTVi les recense.

• Un accès au logement plus difficile pour les salariés

Le 1% logement amputé ? Ce serait un coup dur. Pour Action Logement, si le gouvernement ponctionne son budget de 1,8 milliard d'euros l'an prochain, il privera de nombreux salariés d'un logement dans un HLM ou d'un prêt immobilier avantageux. 

Pour l'instant, le ministère du Budget a seulement reconnu, dans Libération (article abonnés), un "redéploiement de crédits", sans confirmer les montants publiés. Contacté par FTVi, le ministère rejette le mot "ponction". Il demande du temps pour être jugé et précise mener actuellement des discussions avec le ministère du Logement, pour que soient garantis les engagements présidentiels dans ce domaine. 

La ministre de l'Egalité des territoires et du Logement, Cécile Duflot, a quant à elle reçu mardi 17 juillet dans la soirée les partenaires sociaux, patronat et syndicats, qui gèrent ensemble Action Logement. La réunion était prévue de longue date, mais l'éventuelle ponction dans le budget d'Action Logement a bien évidemment été au cœur des discussions.

La réaction d'Action Logement Selon une source proche du dossier contactée par FTVi, les partenaires sociaux sont ressortis inquiets de cette réunion : "Aucune décision n'a été arrêtée, aucun arbitrage décidé sur cette ponction, mais la ministre ne nous a pas rassurés. Elle n'a rien démenti."

En fait, pour Action Logement, c'est l'incohérence avec les grands projets du président qui pose problème. François Hollande, alors qu'il était candidat, avait promis de porter à 150 000 par an le nombre de logements sociaux neufs. "Les bruits qui courent vont à l'opposé de cette promesse", commente la même source. De son côté, le ministère du Logement a confirmé à FTVi l'ambition du gouvernement sur ce thème, et dit ne pas se sentir désavoué.

Malgré tout, "les partenaires sociaux se sont engagés à mobiliser des ressources supplémentaires (…) en recourant à l'emprunt", indique un communiqué d'Action Logement. Ils espèrent ainsi qu'en contrepartie, le gouvernement renoncera à l'idée de Jérôme Cahuzac. La décision finale est soumise à l'approbation du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Il devrait la rendre avant la fin du mois de juillet.

• Le doublement du plafond du Livret A compromis

Une offensive des banques Confirmé le 31 mai par la ministre du Logement, le doublement du plafond des dépôts sur le Livret A, actuellement de 15 300 euros, doit permettre de construire davantage de logements sociaux. Mais Cécile Duflot n'a pas précisé de date pour la mise en œuvre de cette mesure.

Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, l'a fait à sa place. Le doublement du plafond sera mis en place "au rythme des besoins" et sans "déstabiliser les acteurs concernés", soit les banques et les assurances, a-t-il indiqué le 3 juillet. 

Cette mesure se heurte depuis plusieurs mois à l'opposition des banques, qui craint de voir lui échapper une manne importante. Selon elles, si le plafond du Livret A est doublé, les épargnants délaisseront l'assurance-vie ou d'autres produits d'épargne.

Syndicats et associations menacent de se mobiliser Une soixantaine d'organisations se sont regroupées dans deux collectifs pour faire pression sur le gouvernement. Jean-Philippe Gasparatto, porte-parole de la CGT à la CDC, a réfuté mercredi les arguments du secteur financier. "Les ménages aisés qui possèdent un Livret A sont une infime minorité, ce sont les ouvriers et surtout les employés qui en profitent."

"Si le gouvernement ne tient pas les promesses de François Hollande, nous dénoncerons ce recul et nous lancerons des actions, la première étant un rassemblement le mercredi 25 juillet devant Bercy", a précisé à l'Agence France-Presse le porte-parole de Droit au logement (DAL), Jean-Baptiste Eyraud. 

Le mouvement HLM monte au créneau L'Union sociale pour l'habitat (USH), qui regroupe l'ensemble des organismes HLM, a réagi lundi aux propos de Pierre Moscovici. Elle a dénoncé "une offensive coordonnée des banques privées et de la Banque de France pour mettre en défaut cet engagement présidentiel". L'USH a donc voulu mettre les points sur les i.

Le mouvement HLM est très attaché à la construction de 150 000 logements sociaux par an. Joint par FTVi, Thierry Bert, délégué général de l'USH, avoue se préparer à ce défi comme on se prépare à une épreuve sportive. Il lui faudra de l'endurance : la compétition pourrait durer tout le quinquennat.

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