Rentrée scolaire : au moins 1 990 enfants sont sans solution d'hébergement, un nombre en hausse de 20% sur un an, selon l'Unicef
Au moins 1 990 enfants sont sans solution d'hébergement à quelques jours de la rentrée scolaire, selon le baromètre des enfants à la rue publié mercredi 30 août par l'Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). Cela représente une hausse de 20% par rapport à la rentrée 2022 et de 124% si l'on remonte à fin janvier 2022, précisent les associations.
"C'est un rude constat d'échec collectif", se désole mercredi sur franceinfo Pascal Brice, président de la FAS. Il regrette que "les politiques d'hébergement d'urgence, du logement et des migrations" en place en France "ne parviennent pas à résoudre cette question, en dépit des moyens importants" alloués. Pour la FAS, la hausse du nombre d'enfants sans hébergement est due à ensemble de facteurs : "Une panne du logement social", "une politique migratoire telle que des familles n'ont pas accès au travail", évoque son président Pascal Brice.
Des plaintes seront déposées contre les préfets qui ont recours à des critères de sélection
Pascal Brice annonce par ailleurs que les associations "attaqueront en justice" les préfets qu'elles accusent "de mettre en place des critères de sélection" pour obtenir un hébergement d'urgence faute de place. L'Unicef et la FAS ont recensé 3 735 personnes en famille qui avaient sollicité le 115 dans la nuit du 21 au 22 août et qui n’ont pas pu être hébergées faute de places disponibles dans les structures d’hébergement pouvant les accueillir. Parmi ces personnes, 1 990 avaient moins de 18 ans, dont 480 moins de trois ans.
L'Île-de-France est la région qui compte le plus grand nombre de personnes en famille dont les demandes sont non pourvues (1 598). En région, la situation est également tendue, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes (476), dans les Hauts-de-France (416) et en Occitanie (314).
Un constat probablement sous-évalué
Les associations s'inquiètent du fait que 80% des enfants sans hébergement ont déclaré avoir déjà dormi à la rue la veille de leur demande d'hébergement. Cela témoigne, selon les organisations, du caractère généralement durable des parcours de rue. Elles soulignent que leur constat reste parcellaire. De nombreuses familles ne recourent pas au 115, tout comme les mineurs non-accompagnés à la rue, ou encore les personnes vivant en squats ou en bidonvilles.
L'Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité exhortent le gouvernement à se donner les moyens d’honorer son engagement de "ne plus avoir aucun enfant à la rue", volonté affichée en octobre 2022 par le ministre du Logement de l'époque Olivier Klein. Car si la capacité du parc d’hébergement a été maintenue à 205 000 places durant l’hiver 2022-2023, les associations constatent une multiplication des remises à la rue depuis la fin de l’hiver, notamment "en raison de la baisse des moyens consacrés à l’hébergement d’urgence qui a conduit à la suppression de nombreuses places en hôtel". Cette situation s'est avérée critique cet été avec la vague de chaleur. Les organisations martèlent le "caractère dangereux et inadapté de la rue".
Faciliter "l'accès des familles au logement ordinaire"
L'Unicef et la FAS estiment que l’hébergement hôtelier, hébergement d’urgence et temporaire, "ne permet pas de répondre aux besoins fondamentaux des 29 780 enfants qui y vivent". Ce sont au total "plus de 31 000 enfants qui attendent du gouvernement des actions ambitieuses". Pascal Brice, président de la FAS, demande "au gouvernement de cesser cette politique de fermetures d'hébergement d'urgence".
L'Unicef France et la FAS appellent ainsi les ministres "nouvellement nommés à mettre en œuvre une politique de la rue au logement portant une attention spécifique sur les enfants et agissant selon deux temporalités distinctes : l’urgence et le long terme". Elles plaident pour que soient consacrés "des moyens suffisants pour que tous les enfants soient hébergés inconditionnellement et conformément à leur intérêt supérieur et pour que l’accès des familles au logement ordinaire soit facilité". Pascal Brice réclame "des réponses structurelles urgentes". Le président de la FAS souhaite que l'exécutif prenne en compte ce constat dans "sa loi de finances rectificatives pour 2023, son budget 2024", il demande également "une loi de programmation" spécifique. "Un beau thème pour la réunion" prévue mercredi de tous les chefs de partis autour d'Emmanuel Macron.
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