Enfants sans domicile fixe : "C'est un angle mort des politiques publiques", dénonce la présidente de l'Unicef France
Selon un rapport publié ce lundi, près de 42 000 enfants vivent à la rue en France. Adeline Hazan alerte sur le risque pour la santé mentale de ces mineurs et sur le manque de pédopsychiatres.
Unicef France, le Samu social de Paris et Santé Publique France publient lundi 10 octobre un rapport sur le nombre d'enfants sans domicile fixe et les conséquences sur leur santé mentale. "C'est un angle mort des politiques publiques", dénonce sur France Inter la présidente de l'Unicef France Adeline Hazan. Selon ce rapport "environ 42 000 enfants sont sans domicile fixe, c'est-à-dire à la rue, en hôtel, en hôtel social ou en foyer d'hébergement".
"Cet été, au cours d'une nuit du mois d'août, il y avait à peu près 1 600 enfants qui dormaient à la rue".
Adeline Hazan, présidente d'Unicef Franceà franceinfo
Il ne s'agit pas de chiffres officiels, mais constatés sur le terrain par "les organismes humanitaires et la Fédération des acteurs de la solidarité", précise-t-elle.
Adeline Hazan veut "porter un cri d'alarme" sur la situation de ces enfants en "cette journée mondiale de la santé mentale", car "le lien entre la santé mentale et le logement est primordial". Elle explique ainsi que les enfants sans domicile fixe peuvent être sujets à "de l'angoisse, de l'insécurité, des relations familiales perturbées", avec "des risques de tensions et de violences".
SAVE THE DATE
— UNICEF France (@UNICEF_france) October 3, 2022
Ce 10 octobre, à l'occasion de la #JournéeMondialeDeLaSantéMentale, @UNICEF_france et @SamusocialParis publient un nouveau rapport « Grandir sans chez-soi » : quand l'absence de domicile met en péril la #santémentale des enfants. #DansMaTête pic.twitter.com/noe03Ortg9
Selon Unicef France, "ces troubles qui s'inscrivent dans l'enfance peuvent perdurer à l'âge adulte". La présidente de l'ONG assure que beaucoup d'enfants vivant à la rue ne peuvent aller à l'école car "souvent les mairies n'acceptent pas les enfants sans adresse". "Et s'ils arrivent à aller à l'école, ajoute-t-elle, ils ne pourront pas apprendre dans des conditions satisfaisantes".
Un manque de pédopsychiatres
La présidente d'Unicef France déplore "un manque d'action" de la part des autorités publiques "pour contrer ce phénomène totalement inadmissible". Adeline Hazan estime que "les pouvoirs publics ne sont absolument pas conscients de la situation". Elle dit regretter "que les pouvoirs publics ne prennent pas d'arrache-pied ce problème en promouvant des politiques de logement proactives". Adeline Hazan recommande ainsi la mise en place dans le logement social de "politiques d'accueil absolument prioritaires de familles avec enfants".
"Il faut qu'il y ait aussi un développement du métier de pédopsychiatre", ajoute Adeline Hazan, une profession jugée peu "attractive" actuellement. Elle appelle par ailleurs "les professionnels de l'enfance à travailler ensemble" et regrette l'absence "de transversalité entre les professions". Selon Adeline Hazan, actuellement "on a d'un côté les professeurs des écoles, de l'autre les assistantes sociales, de l'autre les infirmières scolaires, quand il y en a, et ensuite les pédopsychiatres".
La présidente d'Unicef France déplore en outre "une situation de crise de la pédopsychiatrie". "Il y a un tiers de pédopsychiatres en moins" par rapport à il y a douze ans, constate Adeline Hazan. Elle affirme qu'il "faut aujourd'hui entre six mois et deux ans pour qu'un enfant puisse bénéficier d'une consultation en Centre médico-psychologique".
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