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Mal-logement : "On est terriblement en colère parce que la crise s'aggrave", s'alarme l'association Droit au logement

"Tant qu'on poursuivra cette politique d'économie sur les aides au logement, en réduisant les aides à la construction de logements sociaux, en piochant dans les caisses des bailleurs sociaux, on va alimenter la crise du logement et on aura toujours plus de sans-abri", dénonce l'association Droit au logement.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Jean-Baptiste Eyraud, le porte-parole de l'association Droit au logement, le 29 juillet 2021. (ALAIN JOCARD / AFP)

"On est terriblement en colère parce que la crise du logement s'aggrave et elle est devant nous", s'alarme sur franceinfo Jean-Baptiste Eyraud, le porte-parole de l'association Droit au logement, alors que la Fondation Abbé Pierre publie mercredi 2 février son rapport annuel, très critique sur le bilan du quinquennat d'Emmanuel Macron en matière de logement.

>> Mal-logement : que proposent les candidats à la présidentielle 2022 ?

franceinfo : La crise du logement s'aggrave-t-elle avec la crise sanitaire ?

Jean-Baptiste Eyraud : La crise a aggravé la situation. La crise sanitaire a mis en évidence que des millions de personnes vivent les uns sur les autres. D'autres sont à la rue, beaucoup aussi sont menacés d'expulsion aujourd'hui sans aucune solution de relogement. Et on a une baisse aussi de la production de logements sociaux historiques. Depuis une bonne vingtaine d'années, on n'a jamais produit aussi peu de logements. On est terriblement en colère puisque la crise du logement s'aggrave et la crise du logement, malheureusement, est devant nous. Une politique du logement pour se modifier, c'est un bateau au long cours, il faut des années.

"On est dans une situation inextricable qu'on n'a pas connue depuis 50 ans."

Jean-Baptiste Eyraud, le porte-parole de l'association Droit au logement

à franceinfo

Malheureusement, les pouvoirs publics profitent de cette cherté du logement. On a moins 15 milliards d'euros qui ont été consacrés au logement en 10 ans.

La ministre chargée du Logement, Emmanuelle Wargon a regretté sur franceinfo la baisse de 5 euros des APL par mois, et a assuré que le gouvernement ne reprendrait pas une telle mesure, qu'en pensez-vous ?

C'est un peu hypocrite parce que quand elle est arrivée il y a deux ans, elle a poursuivi cette politique de baisse des APL, qui a permis d'économiser 1,3 milliards d'euros dans les caisses de l'État. On est aujourd'hui sur une économie annuelle pour 2022 d'environ 3,5 à 3,6 milliards d'euros. Mais cet argent ne profite pas aux locataires. Il ne profite pas aux ménages les plus modestes, ça ne règle pas les aspects les plus durs de la crise du logement. Tant qu'on poursuivra cette politique d'économie sur les aides au logement aux ménages les plus fragiles, en réduisant les aides à la construction de logements sociaux, en piochant dans les caisses des bailleurs sociaux, on va alimenter la crise du logement et on aura toujours plus de sans-abri.

Que faudrait-il faire, selon vous ?

Il ne suffit pas de dire de manière incantatoire qu'il faut héberger tous les sans-abri. Il y en a toujours plus dans la rue. C'est le tonneau des Danaïdes [ref. mythologique : une tache absurde et impossible], tout simplement. Donc, il faut agir sur le logement cher, la cherté du logement. Les loyers ne sont plus supportables aujourd'hui pour les classes populaires qui ont aussi un problème de pouvoir d'achat. Et ce problème de pouvoir d'achat vient d'où ? Il vient de la hausse des loyers alors que les salaires ont stagné.

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