Habitat indigne à Marseille : "Le temps que je sorte de la cuisine, mon plafond était par terre"
Eliane fait partie de ces nombreux Marseillais à signaler la vétusté de leur logement, après l'effondrement meurtrier des immeubles dans le quartier populaire de Noailles.
Après l'effondrement des immeubles à Marseille, plusieurs associations et le quotidien La Marseillaise ont décidé de lancer une opération baptisée #balancetontaudis sur les réseaux sociaux. L'objectif est de recenser l’étendue de l’habitat indigne dans la deuxième ville de France. En 24 heures à peine, plus d’une centaine de Marseillais ont dénoncé leurs conditions de logement insalubres.
Respirez un peu cette odeur ! Cette odeur de poussière, de moisissure.
Elianeà franceinfo
Parmi eux, Eliane, âgée de 67 ans, qui vit dans le 5e arrondissement de la ville : "Déjà, regardez le couloir dans quel état c’est. Les murs sont fissurés, le plâtre s’écroule, il y a des infiltrations d’eau", témoigne la marseillaise. Une partie de son appartement s'est effondré. "Regardez là, l’état de mon plafond, il y a un trou énorme. En-dessous de ces gravats, il y avait tout ce qu’il y avait sur l’étagère : des médicaments, des ustensiles de cuisine, tout est tombé." Eliane était dans l’appartement au moment de l'effondrement : "J’ai entendu du bruit, le temps que je sorte de la cuisine, mon plafond était tout par terre. On aurait dit un tremblement de terre. J’étais paumée, j’étais perdue, je ne savais plus quoi faire."
Je garde souvent mon petit-fils de trois ans, on pourrait être au cimetière tous les deux.
Elianeà franceinfo
En revenant sur les lieux, cette habitante se sent angoissée : "J’ai de la chance d’être encore en vie. Ce jour-là, il y avait un bon Dieu pour moi, qui m’a dit de sortir de la cuisine, qui m’a poussée dehors. J’aurais pu être sous les décombres, comme à la rue d’Aubagne." Elle déambule dans son appartement, elle marche en réalité sur ce qui était le plancher du voisin. "Tout ce qui est par terre, c’est mon plafond."
La vétusté signalée, en vain
Eliane a alerté son syndic après la chute de son plafond. "J’ai appelé en juin, en juillet, en août, je me suis déplacée... On me disait ‘on va venir, on va envoyer un plombier’. Mais le plombier, il a du se tromper d'appartement : jamais personne n’est venu." Joint par franceinfo, le cabinet Liautard précise que le dégât des eaux chez le voisin d'Eliane remonte à juin 2018 et qu'il a mandaté une société pour gérer les suites du sinistre. Il assure que cette société "a tenté d'intervenir à plusieurs dès le mois de juin et à plusieurs reprises" et qu'elle n'a jamais pu entrer en contact avec le locataire responsable du dégât des eaux. Le syndic assure également qu'Eliane a pu bénéficier d'un logement de remplacement "mis à sa disposition à titre gracieux".
Eliane, elle, pointe l'état de délabrement de son logement. "C’est impossible de vivre comme ça. Dans toutes mes pièces, il y a des fissures. Au 21e siècle, louer des appartements comme ça, c’est un scandale", s'indigne-t-elle. Partir ? La Marseillaise y a déjà pensé bien-sûr. "Mais à quel endroit ? Quand vous pensez que le meublé qu’ils me prêtent coûte 550 euros pour 18 mètres carrés, c’est un scandale. Ce ne sont pas des marchands de sommeil, ça ?"
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