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Sécurité renforcée à Paris, "gilets jaunes" et black blocs dans les cortèges… A quoi faut-il s'attendre pour les manifestations du 5 décembre ?

Pour sécuriser les parcours et éviter les débordements dans les cortèges, le ministère de l'Intérieur a prévu un dispositif policier exceptionnel, notamment à Paris.

Article rédigé par franceinfo
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Des CRS déployés sur la place de la Bastille, à Paris, le 16 novembre 2019.  (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS)

Des perturbations dans tous les services publics et des manifestations partout sur le territoire : la journée de grève et de manifestations du jeudi 5 décembre contre la réforme des retraites, s'annonce massive. Pour sécuriser les parcours et éviter les débordements dans les cortèges, le ministère de l'Intérieur a prévu un dispositif policier exceptionnel, notamment à Paris.

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"Nous savons qu'il y aura beaucoup de monde dans les manifestations et nous connaissons les risques, a annoncé Christophe Castaner, mercredi, sur BFMTV. J'ai demandé que systématiquement, dès qu'il y aura des désordres, des émeutes urbaines, des violences, nous puissions interpeller tout de suite." Dispositif de sécurité renforcé, "gilets jaunes" et black blocs attendus dans les cortèges… Franceinfo résume à quoi on peut s'attendre pour les manifestations du 5 décembre.

245 manifestations déclarées en France

Invité sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a annoncé que 245 rassemblements et manifestations avaient été déclarés, dans toute la France, pour la journée du 5 décembre.

En plus des manifestations prévues, les transports seront fortement perturbés dans toutes les grandes villesUne ligne de métro sur deux sera interrompue à Lille et le trafic sera ralenti sur les deux lignes à Marseille et Rouen. A Strasbourg et Grenoble, plusieurs lignes de tramway seront à l'arrêt.

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La sécurité renforcée sur le parcours parisien

Le long du parcours de la manifestation parisienne, entre la gare du Nord et la place de la Nation, la préfecture de Police a décidé de fermer tous les commerces. "Les propriétaires ou exploitants des commerces, débits de boissons et restaurants (...) doivent procéder à leur fermeture jusqu'à la fin de la manifestation", prévue pour 19 heures, indique l'arrêté de la préfecture. Les zones concernées sont celles du boulevard de Denain, de la place de la République, la portion du boulevard de Magenta comprise entre le boulevard Denain et la place de la République, le boulevard Voltaire et la place de la Nation.

Il est aussi demandé aux commerçants de fermer "terrasses, contre-terrasses et étalages", qui doivent "être vidés de tout mobilier, équipement et aménagement commercial pouvant servir de projectile ou d'arme par destination".

Ce dispositif avait déjà été mis en place pour la manifestation du 1er-Mai pour des raisons de sécurité. Cette fois, la préfecture estime que le "contexte social et revendicatif des plus tendus, notamment avec des appels à des rassemblements de 'gilets jaunes' à Paris" permet de penser que des "violences et dégradations (...) sont susceptibles de se reproduire sur le parcours de la manifestation." 

Par ailleurs, des "caméras tactiques" seront installées sur l'itinéraire, selon Marianne. D'après l'hebdomadaire, elles seront installées "en toute discrétion" et "devraient permettre à la salle de commandement de toujours surveiller certains points stratégiques, y compris si les caméras fixes sont dégradées ou privées d'alimentation électrique". Interrogé par BFMTV, le ministre de l'Intérieur a évoqué un dispositif "normal" : "Comme dans toutes les manifestations, là où il n'y a pas de caméras de vidéosurveillance, nous mettons des caméras indépendantes gérées par les forces de police."

Un dispositif policier exceptionnel à Paris 

Le préfet de police doit détailler, dans la journée de mercredi, le dispositif policier mis en place. Selon les informations de franceinfo, il devrait s'agir d'un des plus conséquents jamais vus dans la capitale. 

Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a détaillé le dispositif prévu, indiquant que près de 6 000 policiers et gendarmes seront mobilisés, jeudi, pour encadrer le cortège parisien. Ce dispositif sera complété par 180 équipages de la Brigade de répression de l'action violente (Brav), des policiers à moto, capables de se déplacer très rapidement pour interpeller des manifestants violents. Selon le résumé de France 2, il s'agit d'un dispositif "semblable à celui du 8 décembre 2018", en pleine période de manifestations des "gilets jaunes". 

Certains policiers seront équipés de caméras embarquées, ajoute France 3, afin de pouvoir identifier, en temps réel, les fauteurs de troubles, en cas de débordement. 

"Black blocs" et "gilets jaunes" attendus dans les cortèges

Depuis près d'un an, le gouvernement craint une convergence, sur le terrain, entre le mouvement syndical, les "gilets jaunes" et les militants de la gauche radicale. "Nous connaissons les risques. Nous savons que des black blocs et des gilets jaunes radicaux ont décidé de se joindre aux manifestations à Paris. Les gilets jaunes l'ont annoncé", a affirmé Christophe Castaner, toujours sur BFMTV. Le ministre de l'Intérieur a dit s'attendre à "quelques centaines" de militants radicaux à Paris et "peut-être quelques milliers sur l'ensemble du territoire national".

De son côté, Grégory Joron, secrétaire général CRS-SGP Police, craint une "tentative de noyautage par des groupes ultras, qui viennent essentiellement pour créer le chaos". "Tout l'enjeu sera de pouvoir trier le bon grain de l'ivraie et de traiter le risque black-bloc correctement", a-t-il expliqué sur franceinfo. Pour éviter tout débordement, le préfet de police de Paris a pris un arrêté interdisant "tout rassemblement de personnes se revendiquant des 'gilets jaunes'" près de l'avenue des Champs-Elysées, dans un périmètre comprenant plusieurs lieux de pouvoir, comme l'Elysée, Matignon ou encore l'Assemblée nationale. 

"Le gouvernement nous sort la vieille rhétorique du 'noyautage' parce qu'ils ont terriblement peur d'une convergence", explique Antoine*, militant autonome et antifasciste francilien, à franceinfo. "Il y aura évidemment des militants de gauche radicale dans les cortèges, comme c'est le cas lors de tous les rendez-vous sociaux", continue-t-il. 

Côté "gilets jaunes", de nombreuses voix appellent à se mettre en grève et à rejoindre les cortèges nationaux. Sur les groupes Facebook liés au mouvement, plusieurs "gilets jaunes" appellent à privilégier la journée du 5 décembre à la traditionnelle manifestation du samedi, tandis que d'autres souhaitent continuer d'organiser manifestations et blocages les 6 et 7 décembre. 

* Le prénom a été changé à la demande de l'intéressé.

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