Droit de grève : "Ça ne doit plus être un sujet tabou dans notre pays", estime le sénateur LR qui propose de "sacraliser" certains jours dans l'année
"Ça ne doit plus être un sujet tabou dans notre pays", a estimé mardi 9 avril sur franceinfo Philippe Tabarot, sénateur Les Républicains des Alpes-Maritimes et rapporteur de la proposition de loi qui vise à limiter le droit de grève en France. Le texte arrive au Sénat. L'objectif de cette loi est de "sacraliser un certain nombre de jours dans notre pays" sur le modèle italien.
Selon le sénateur, les grèves ont "des conséquences pour des millions de personnes", mais également pour la "SNCF qui perd plus de 100 millions d'euros" chaque année. Autant d'argent qui n'est pas investi par l'opérateur de transport pour "moderniser" le réseau, explique-t-il.
franceinfo : Quelle est l'idée de votre proposition de loi ?
Philippe Tabarot : C'est de sacraliser un certain nombre de jours dans notre pays qui sont les jours de grands départs en vacances scolaires qui permettent aux familles de se retrouver. Ce sont des événements dits importants. Ça peut être des élections, des manifestations sportives et culturelles de la plus grande importance, des jours d'examens, notamment les jours du bac, par exemple. On pourrait sur certaines plages horaires et concernant certains personnels pouvoir assurer un service minimum et pouvoir, en concertation également avec les syndicats en amont, définir ces jours.
Tous les moments où la grève pourrait avoir plus d'impact en quelque sorte ?
Pendant longtemps, la grève a été le dernier recours dans notre pays, quand les discussions n'avançaient pas et que le dialogue social était interrompu. Aujourd'hui, on s'aperçoit que c'est devenu un préalable.
"On est dans le cadre d'un accord ou d'un rapport de force, voire quelquefois d'un chantage. Il faut inverser les choses."
Philippe Tabarot, sénateur Les Républicainsà franceinfo
Le droit de grève est un droit constitutionnel. On ne remet pas ça en cause. Il y a d'autres libertés également, tout aussi importantes, dans notre pays : de pouvoir se déplacer, de pouvoir entreprendre, de pouvoir assurer une continuité du service public. Pour toutes ces raisons, nous souhaitons que cette proposition de loi puisse aboutir à la fois sur ces périodes, puis sur le train du quotidien également, qui est fortement perturbé par des mouvements sociaux en permanence, avec un contournement du droit de grève. Par exemple, quand il y a des grèves perlées, des grèves de 59 minutes en plein milieu de la journée ou des préavis qui sont dormant pendant des années et qui sont déclenchées au tout dernier moment. Ce qui ne permet pas à l'opérateur de s'organiser et surtout d'informer les usagers.
Le gouvernement est contre votre loi. Vous n'avez pas l'impression de souffler sur les braises à quelques mois des JO ?
Il faut agir. Le gouvernement est très embêté par cette situation, par rapport à la proximité des Jeux olympiques et craint beaucoup des réactions. Mais que ce soit maintenant ou plus tard, de toute manière, il faudra bien aborder ce sujet. Ça ne doit plus être un sujet tabou dans notre pays. Ça a des conséquences pour des millions de personnes, ça a des conséquences financières énormes pour les opérateurs de transports, notamment à la SNCF qui perd plus de 100 millions d'euros qui ne sont pas investis dans le réseau chaque année. C'est la SNCF qui majoritairement investit dans le réseau aujourd'hui pour le régénérer, voire pour le moderniser. Tout ce qui est perdu par rapport aux grèves est des moyens en moins que l'on peut investir dans le réseau. Quand il y a des grèves trop régulières, les Français reviennent à leur mode de transport qui n'est pas un mode de transport en commun qui est souvent de "l'autosolisme" et c'est bien dommage.
En Allemagne, il faut être syndiqué et surtout défendre les conditions de travail pour faire grève et ne pas en faire une action pour contester le gouvernement. Vous vous dirigez vers ce modèle ?
Je m'aperçois simplement qu'en France on est les recordmen du monde pour les jours de grève. C'est bien triste. Il y a des exemples européens qui montrent que le dialogue social peut se faire pour autant. Il s'exprime de manière démocratique et très libre. Mais on doit pouvoir utiliser ce qui se fait de bien dans un certain nombre de pays. L'exemple italien notamment sur la sacralisation de certains jours dans l'année est pour nous un exemple de manière évidente.
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