Samsung, pas mieux qu'Apple sur les conditions de travail dans ses usines
Une organisation chinoise épingle le géant coréen et les méthodes d'un de ses sous-traitants.
ENTREPRISES - Samsung et Apple, même combat. L'ONG China Labor Watch, qui défend les droits des travailleurs chinois, a rendu un rapport accablant (à lire en anglais), mardi 7 août, sur les conditions de travail chez le sous-traitant choisi par Samsung pour fabriquer ses téléphones mobiles, lecteurs DVD, baladeurs MP3 et autres équipements audio. Les enquêteurs se sont infiltrés dans les usines de HEG Electronics, situées près de Guangzhou (Chine), en se faisant recruter comme ouvriers. Voici ce qu'ils ont constaté.
Des écoliers réquisitionnés
D'après le rapport, l'assembleur de Samsung emploie "un nombre important d'enfants". Les enquêteurs les estiment entre 50 et 100, et certains d'entre eux avaient moins de 16 ans. Pendant la période de vacances scolaires à laquelle a été conduite l'étude, 80% des 2 000 ouvriers pourraient être des écoliers, contre 60% le reste de l'année. La plupart auraient moins de 18 ans, et seraient "fournis" par des écoles partenaires.
"Obligés de travailler onze heures, six jours par semaine"
Selon les auteurs du rapport, HEG Electronics obligerait ses ouvriers à "travailler onze heures, six jours par semaine, 26 à 28 jours par mois", alors que les horaires prévus correspondent à huit heures par jour, cinq jours par semaine. "Les ouvriers dans les lignes de production de Samsung doivent travailler debout pendant plus de onze heures par jour", précise le rapport, repris par le site Numerama. Les ouvriers ont droit à une pause déjeuner de 40 minutes et une pause dîner de 30 minutes.
Coups et blessures
"Il était souvent demandé à ces enfants travailleurs de réaliser des tâches dangereuses qui entraînaient des blessures", écrivent les enquêteurs dans le document de 31 pages. Problème : l'usine ne fournit "ni clinique ni kits de premiers secours dans les usines et les dortoirs".
Les membres de l'ONG ont ainsi interrogé une jeune fille de 14 ans, employée par HEG, rapporte le site Gizmodo (lien en anglais). Ils retranscrivent son histoire : "Entre mars et avril, Wu Xiaofang est tombée dans les escaliers en se rendant au dortoir. Elle était donc incapable de travailler. Malgré cela, l'entreprise l'a empêché d'aller à l'hôpital pour recevoir un traitement et a également refusé de lui signer un arrêt de travail. Mais six jours lui ont été enlevé de sa paie."
Les chefs exercent ainsi une pression accrue sur les employés, et le travail des jeunes ouvriers devient vite un calvaire. "Les chefs frappent parfois les ouvriers", notent les enquêteurs. "Chaque négligence, des mouvements lents, une erreur ou du retard par rapport aux ordres donnés peuvent provoquer leurs cris. Chaque jour, les employés des ateliers sont punis (...) et mis à l'amende".
Et un salaire dérisoire...
"Ces [jeunes] ouvriers travaillaient dans les mêmes conditions pénibles que les travailleurs adultes, mais étaient payés seulement 70 % du salaire", accuse encore China Labor Watch. Le salaire de base est fixé à 145 euros par mois, rappelle Numerama, auxquels s'ajoutent 125 euros d'heures supplémentaires et quelques primes. Mais il faut ensuite "retirer divers frais prélevés par l'employeur pour l'hébergement, l'uniforme ou encore l'assurance".
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