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Rémunérations : les (petits) sacrifices des grands patrons

Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, a proposé le report du tiers de sa part variable en 2016. Un sacrifice ? Jean-Claude Mailly (FO) dénonce une "provocation."

Article rédigé par franceinfo
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Carlos Ghosn, le PDG de Renault, lors d'une conférence de presse au Forum économique mondial de Davos (Suisse), le 25 janvier 2013. (JOHANNES EISELE / AFP)

Quand les entreprises sont au régime sec, les patrons se serrent parfois la ceinture. Avec la crise économique, nombre d'entre eux ont annoncé une baisse de leur rémunération, à renfort de communication. Dernier en date, le PDG de Renault, Carlos Ghosn, qui a proposé le report du tiers de sa part variable en 2016, jeudi 14 février. Jean-Claude Mailly, secrétaire général du syndicat Force ouvrière, a aussitôt réagi, estimant que ce dernier faisait "de la provocation en permanence."

Salaire, stock-options ou primes... Francetv info revient sur quelques cas de "sacrifices" patronaux. Et nuance la portée réelle de ces efforts louables. 

Ghosn : simple report sur une faible part

Février 2013. Le patron de Renault, Carlos Ghosn, est prêt à faire un geste pour obtenir un accord avec les salariés du groupe, annonce l'entreprise. Le PDG du constructeur français propose "le report de 30% de sa part variable de l'année 2012 au 31 décembre 2016" pour faciliter les négociations sur la compétitivité des usines françaises.

Il ne s'agit que d'un simple report. Carlos Ghosn conserve l'intégralité de la part variable de sa rémunération, qui atteignait 1,59 million d'euros en 2011. Et il reste assuré de percevoir 2,23 millions d'euros (fixe + variable) pour 2012, précisent Les Echos, sans citer leurs sources. Le PDG peut également compter sur une rémunération proche de 10 millions d'euros chez Nissan, dont il est aussi le PDG. Soit 12,23 millions d'euros au total.

Varin : profil bas pendant la tempête

Février 2012. Homologue de Carlos Ghosn à PSA Peugot-Citroën, Philippe Varin renonce à la part variable de son salaire. "J'ai proposé au conseil de surveillance d'abandonner ma part variable sur l'année 2011 et le conseil de surveillance, bien sûr, l'a accepté." Philippe Varin avait vu en 2010 sa rémunération quadrupler, gagnant 3,25 millions d'euros, dont 1,3 million au titre de son salaire fixe et 1,65 million de rémunération variable. Il avait également bénéficié d'une prime exceptionnelle de 300 000 euros "compte tenu des résultats particulièrement remarquables réalisés en 2010." 

Lévy : beaucoup d'annonces, aucun effet

Novembre 2011. Maurice Levy fait une croix sur son salaire fixe (900 000 euros), à compter de 2012. Il déclare alors au Monde qu'il souhaite "hypermériter [sa] rétribution, quelle qu'elle soit." La Tribune s'interroge alors sur ce "sacrifice" : "Il pourra paradoxalement toucher plus d'argent dans ce nouveau système." Davantage indexée sur la performance du groupe, sa rémunération n'a pas souffert de ce changement.

Cette année là, Maurice Levy récupère en effet 16 millions d'euros, au titre d'une rémunération différée décidée en 2003. "Année après année, pendant neuf ans, j'ai gagné une rémunération à la performance qui a été mise de côté, entre 1,7 et 1,8 million d'euros par an", se défend-il face au tollé politique et médiatique.

Gallois : plus de part variable

Mai 2010. Le groupe EADS annonce que son président exécutif, Louis Gallois, renonce à la part variable de son salaire pour 2009, soit 1,14 million d'euros. Il avait déjà renoncé à cette part l'année précédente et touche donc 900 000 euros. Il est aujourd'hui commissaire général à l'investissement et possède des jetons à PSA et Air France. 

Proglio : pas de double salaire

Janvier 2010. La polémique durait depuis plusieurs jours. Dans un communiqué, le PDG d'EDF Henri Proglio a renoncé finalement à une autre rémunération, octroyée au titre de président du conseil d'administration de Veolia (405 000 euros). Il espérait alors être rémunéré autant que lorsqu'il était PDG de Veolia, soit 2 millions d'euros, précisait alors Le Point. En tant que PDG d'EDF, il perçoit tout de même un salaire de l'ordre de 1,6 million d'euros. En hausse de 45% par rapport à son prédécesseur.

Agon : parce qu'il le vaut bien

Avril 2009. Le directeur général de L'Oréal, Jean-Paul Agon, renonce à ses stocks-options pour 2009, lors de l'assemblée générale ouverte aux seuls actionnaires. Pas de souci, toutefois, puisque la rémunération totale due à Jean-Paul Agon s'élève à la jolie somme de 3,53 millions d'euros pour cet exercice, ce qui en fait un des plus gros salaires des patrons du CAC 40. Le bénéfice du groupe a pourtant stagné en 2008.

De Castries : se rattraper l'année d'après

Mai 2007. "Un patron doit savoir prendre ses responsabilités et être capable d’autorégulation." La crise économique n'est pas encore commencée mais le PDG d'Axa, Henri de Castries, renonce à ses stock-options pour l'année 2007. Un effort vite absorbé, puisque l'année suivante, il obtient 390 000 nouvelles options, pour un gain potentiel de 1,2 million d’euros, signale alors le site de Capital : "De quoi l'aider à digérer la réduction de 800 000 euros de son bonus." Quelques années plus tard, en 2011, il augmente son salaire fixe de 14% en 2011, pour une rémunération totale de 3 millions d'euros. Le résultat net du groupe a pourtant chuté de 29% entre 2007 et 2011.

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