"Il y a une évasion de l'argent des CE vers les syndicats"
Jean-Luc Touly, coauteur de L’Argent noir des syndicats (Fayard), revient sur le financement des syndicats alors que la Cour des comptes dénonce l'opacité du comité d’entreprise de la RATP.
Comment se financent les syndicats français ? La question se pose après la révélation, mardi 6 décembre, d'un rapport accablant de la Cour des comptes sur la gestion du comité d’entreprise de la RATP.
Jean-Luc Touly, coauteur de L’Argent noir des syndicats (Fayard), revient sur cette zone d’ombre, alors qu’un rapport parlementaire sur le sujet vient d’être enterré par l’Assemblée nationale, comme le relate Challenges.
"Sous perfusion" des entreprises et de l'Etat
Avec la baisse du nombre des adhérents, "seulement 3 ou 4 % des recettes des syndicats proviennent exclusivement des cotisations", explique Jean-Luc Touly. "La source principale de financement des syndicats et des comités d'entreprise, ce sont les entreprises elles-mêmes". Un système qui, selon lui, s'est "généralisé" depuis le début des années 2000.
Ce sont en effet elles qui subventionnent les comités d'entreprise, dirigés en partie par des élus syndicaux. "Donc aujourd'hui les syndicats ne sont pas indépendants, ils sont financièrement sous perfusion et c'est ça qui est dangereux".
Une manière d'"acheter la paix sociale"
Jean-Luc Touly va plus loin : les syndicats étant aussi financés par des subventions publiques, ils sont soumis à d'éventuelles pressions de l'Etat. "J'estime qu'il y a eu des accords, notamment sur la suppression des régimes spéciaux de retraite, qui ne sont peut-être pas étrangers à cette menace (...). Tout cela est fait pour acheter la paix sociale." Conclusion de l'auteur : les syndicats ne jouent plus leur rôle.
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