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Pourquoi BlackBerry a refusé de se vendre

Après avoir repoussé les offres de rachat, le fabricant canadien de smartphones veut lever un milliard de dollars pour continuer son activité sous sa forme actuelle.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Thorsten Heins, le PDG de Blackberry, le 25 septembre 2012 à San Jose (Etats-Unis).  (JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

BlackBerry fait marche arrière. Le fabricant canadien de smartphones a décidé de ne plus se vendre au financier Fairfax et veut lever un milliard de dollars pour continuer son activité sous sa forme actuelle, annonce le site du quotidien Globe and Mail (en anglais). L'équipe dirigeante devrait être remplacée avec le départ du PDG actuel, Thorsten Heins, comme l'a confirmé un communiqué (en anglais) de l'entreprise. Francetv info revient sur les questions qui entourent ces décisions stratégiques.

A quoi renonce BlackBerry ?

Au bord de l'abîme, le pionnier des smartphones renonce à une solution qui devait lui permettre de remonter la pente. Un temps pionnier des smartphones, BlackBerry a perdu 90% de sa valeur en Bourse en cinq ans. Il n’a pas su faire face à la montée de l’iPhone et des téléphones fonctionnant sous Android. Son nouveau modèle, le BlackBerry 10, lancé en début d'année, n'a pas permis d'enrayer le déclin de ses parts de marché.

Pour faire face, la firme canadienne avait signé le 23 septembre une "lettre d'intention" avec son premier actionnaire, l'assureur Fairfax Financial Holdings, qui possède 10% du groupe, en vue de son rachat pour quelque 4,7 milliards de dollars américains (environ 3,5 milliards d'euros). La proposition, qui prévoyait le retrait de BlackBerry de la Bourse, arrivait à échéance ce lundi. L'objectif était de permettre une transformation de l'entreprise, en s'appuyant sur un partenaire financier aux reins solides, et sans subir les pressions boursières, à l'image de ce qu'a fait Dell, le constructeur américain d'ordinateurs passé à la production de logiciels.

D'autres offres ont également été envisagées, notamment celle émanant d'actionnaires minoritaires parmi lesquels figuraient le fondateur de BlackBerry, Mike Lazaridis. Le géant chinois de l'électronique Lenovo, tout comme Facebook, étaient également cités comme de possibles acheteurs.

Que signifie cette décision ?

En refusant cette vente, BlackBerry annonce clairement son refus de perdre son indépendance. Plutôt que de quitter la Bourse et d'accepter de passer sous la domination d'un autre groupe, la firme canadienne préfère donc lever un milliard de dollars (750 millions d'euros) par le biais d'une augmentation de capital convertible en actions au prix de 10 dollars l'action. Son principal actionnaire, Fairfax, souscrira au placement à hauteur de 250 millions de dollars. Pour BlackBerry, l'emprunt convertible en actions lui permettra de se refinancer avec un taux d'intérêt moins important que s'il devait faire appel aux marchés des capitaux. Le groupe a indiqué que le montage financier serait bouclé dans deux semaines, soit pour le 18 novembre.

En matière de stratégie, il s'agit donc d'un revirement radical pour l'entreprise, qui avait annoncé en septembre ne plus vouloir dépendre des aléas boursiers. Cette annonce s'accompagne d'ailleurs de la mise à l'écart de son PDG, Thorsten Heins. Ce dernier sera remplacé temporairement par John Chen, ancien patron du fabriquant de logiciels Sybase, mais également membre de la direction de la banque Wells Fargo et du groupe Disney, comme l'explique le site Blackberryempire.com. "BlackBerry est une marque emblématique avec un énorme potentiel, mais réussir va demander du temps, de la discipline et des décisions difficiles", a réagi John Chen.

Quel avenir pour le groupe ?

Cette décision, d'après Reuters, vient du fait que Fairfax, n'ayant pas réussi à convaincre d'autres investisseurs, ne disposait finalement pas des 4,7 milliards de dollars nécessaires au rachat envisagé. En revanche, les autres candidats pouvaient souscrire à cette offre et forcer le groupe à une modification générale de sa structure. En choisissant de rester indépendant, BlackBerry a voulu assurer ses clients et ses partenaires que le groupe pouvait faire face, seul, aux difficultés. "Ce financement fournit un apport immédiat de liquidités favorable à BlackBerry, améliorant notre position substantielle, explique Barbara Stymiest, présidente du conseil d’administration. Nos plus importants clients dans le monde comptent sur BlackBerry, nous sommes en train d'imposer les changements nécessaires pour renforcer le groupe et les assurer que nous restons un partenaire fort et innovant."

Reste à savoir si la confiance de la direction dans ses propres ressources sera relayée sur les marchés. Or, dès l'annonce de ce refus de vendre, la nouvelle a été accueillie froidement à Wall Street, où le titre BlackBerry a immédiatement chuté de 12,23%, à 6,82 dollars.

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