Moins de métro ou moins de chauffage : comment l'Espagne et l'Allemagne espèrent réduire leur consommation d'énergie
Pour diminuer la dépendance au gaz russe, les autorités allemandes préparent la population à un usage plus modéré des radiateurs. À Madrid, l'entreprise gestionnaire du métro est sommée de réduire sa facture d'électricité.
Après la Bulgarie et la Pologne, l’Allemagne, premier importateur mondial de gaz russe, craint d'être le prochain pays visé par une fermeture du robinet. Sa puissante industrie en dépend. Grâce aux diversifications d’approvisionnements, le pays a déjà réduit sa dépendance à Gazprom, de 55 % à 35 % mais l’hiver prochain sera rude. Et une question émerge déjà : les Allemands sont-ils prêts à baisser le radiateur pour arrêter de financer la guerre en Ukraine ?
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Les politiques préparent déjà les esprits aux économies d’énergie, comme ce député CDU devant l’ Assemblée régionale à Stuttgart : "Quinze degrés chez soi avec un pull-over, on supporte. Personne ne va mourir alors que des personnes meurent en Ukraine". En cas de pénurie, le président du conseil de surveillance de l’énergéticien allemand Eon veut que les réserves de gaz, à seulement 34% des capacités aujourd’hui, aillent en priorité vers l’industrie.
Les trois quarts des Allemands se disent prêts, selon un sondage du Spiegel, à baisser le chauffage. "Ce n'est pas juste mais il faut faire des arbitrages : soit avoir plus de chômage et tout le monde est bien au chaud chez soi, soit il y a moins de chômage. On ne peut pas tout avoir", plaide une Berlinoise. Un autre habitant se montre encore plus pessimiste : "Nous sommes dépendants de l'industrie. Ce sont nos emplois. S'ils souffrent, nous souffrons aussi. Si nous avons froid, nous souffrons aussi. Donc je pense que nous, en tant que personnes privées, n'avons de toute façon que des choses à perdre".
Avant d'avoir à trancher ce débat, l'Allemagne subit déjà les conséquences des tensions avec la Russie sur ses importations de gaz. Jeudi, Moscou a refusé un virement des autorités allemandes pour une livraison car le paiement n’était pas réglé en roubles.
A Madrid, le métro réduit le nombre de rames
En Espagne, c'est l'envolée des prix de l'électricité qui préoccupe de nombreuses entreprises. Metro de Madrid est l’entreprise de la région qui consomme le plus d’électricité. Ses factures ont bondi de 80% : 88 millions d’euros en 2021 contre 49 millions en 2020. Une situation très délicate pour une entreprise qui fournit un service essentiel. Les autorités de la région Castille-et-León ont donc exigé des mesures urgentes de la part du gouvernement central, comme l’a rappelé jeudi sur un ton ironique le porte-parole régional, Enrique Osorio: "À l’exception de M. Sánchez, je pense que tout le monde est conscient que l’électricité a augmenté d’une manière très importante. Prenons l’exemple du métro, le coût en temps normal était de 120 000 euros par jour. Or, il a grimpé jusqu'à 800 000 euros !”
Si l’on continue à ce rythme-là, la facture électrique du Metro de Madrid pourrait s’élever à 268 millions d’euros cette année et serait donc multipliée par cinq en deux ans. Face à ces prix exorbitants et afin de réduire les coûts quotidiens auxquels l’entreprise doit faire face, le gouvernement régional a donc décidé de réduire le nombre de métros en circulation.
Concrètement, la réduction prévue est de 10% en moyenne et de 4% aux heures de pointe. Selon l’entreprise, ces mesures vont se traduire par des temps d’attente presque équivalents et n’entraîneront pas de surcharges dans les trains. Des arguments contestés par les partis de l’opposition.
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