Cet article date de plus de deux ans.

Chauffage à bois : les distributeurs pourraient livrer "en priorité" ceux dont c'est le "seul moyen de chauffage", prévient la filière

Selon France Combustibles, "les prix vont continuer à augmenter un peu, puis se stabiliser" mais malgré la hausse du prix, ça reste une énergie intéressante car sa TVA "n'est que de 10%, contrairement aux autres énergies de chauffage."

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Du bois de chauffage chez un particulier. Image d'illustration. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

"N'installez pas" de chauffage à bois "avant d'être garanti par un distributeur qu'il pourra vous approvisionner", alerte dimanche 4 septembre sur franceinfo Frédéric Plan, délégué général de France Combustibles. Les 7 millions de Français qui ont décidé de se chauffer grâce à des poêles ou chaudières à granulés font face à une forte augmentation de la matière première. La forte demande et l'absence de ressources en France expliquent notamment la hausse des prix. Même s'il "ne voit pas d'amélioration avant plusieurs longs mois, voire l'année prochaine", Frédéric Plan ne pense pas "qu’il y ait réellement de pénurie à craindre" cet hiver. En revanche, les distributeurs pourraient livrer "en priorité" ceux dont le bois est le "seul moyen de chauffage".

franceinfo : Est-ce que la question d'un bouclier tarifaire pour l'achat de bois se pose ?

Frédéric Plan : Il faut tout d'abord dire que nous sommes dans une situation très particulière, inattendue, qui tient à deux raisons essentielles. D'abord, un engouement formidable pour l'installation notamment de poêles à granulés, plusieurs centaines de milliers d'unités par an et cela depuis plusieurs années. Fatalement, ça pèse sur la ressource. Cette ressource française est insuffisante pour couvrir la demande. Mécaniquement, les prix augmentent. Mais aussi pour d'autres raisons. Parce que la sciure coûte plus cher et parce que pour faire sécher les granulés, il faut du gaz qui est devenu très, très cher pour les entreprises. De plus, l'importation est défaillante parce que plusieurs pays, notamment européens, sont dans la même situation et préemptent tout ce qui est disponible sur le marché.

Cela va durer combien de temps ?

On n'a pas véritablement de visibilité. On pense qu'ils [les prix] vont continuer à augmenter un peu, puis se stabiliser. Cela reste quand même globalement une énergie qui reste intéressante, malgré son doublement. La TVA n'est que de 10%, contrairement aux autres énergies de chauffage. Évidemment, il y a une surprise pour le consommateur et une surprise également pour les réseaux de distribution. Ce n'était pas attendu et on ne voit pas d'amélioration avant plusieurs longs mois, voire l'année prochaine. Le conseil que nous donnons aux particuliers, aux consommateurs qui veulent se lancer sur ce mode de chauffage, c'est "n'installez pas d'appareils avant d'être garanti par un distributeur qu'il pourra vous approvisionner". C'est la règle !

L'association 60 millions de consommateurs pointe des augmentations des prix pas toujours justifiées. Existe-t-il des super-profits dans votre filière ?

C'est un marché qui, contrairement au gaz, au pétrole, à l'électricité n'a pas de cotation. Il n'y a pas de visibilité sur ce que devrait être le prix en fonction d'un marché de cotation. C'est plus dur pour le distributeur de s'approvisionner au bon prix et pour le consommateur par voie de conséquence. Les campagnes d'approvisionnement se prévoient d'une année sur l'autre. Nous allons nous retrouver en début 2023 avec la nécessité en tant que distributeur de couvrir les besoins pour l'hiver suivant. Sur quel prix baser ses contrats d'approvisionnement ? Cela sera l'incertitude absolue par absence de transparence, au sens d’absence de cotation qui valorise les marchés, les matières premières et l'énergie.

Existe-t-il un risque de rationnement pour qu'il n'y ait pas de rupture d'approvisionnement cet hiver ?

Tout d'abord, il ne faut pas désespérer complètement. L'importation est certes pour l'instant un recours difficile à opérer. Peut-être il y aura-t-il de bonnes surprises de ce côté-là d'ici à la fin d'année ? Mais on n'en sait rien. Il y a un vrai brouillard. Évidemment, cela aura un impact sur la stabilisation des prix. Il n'y a pas de stockage stratégique stocké quelque part. Ce qui signifie qu'on est proche du flux tendu. Je ne pense pas qu'il y ait réellement de pénurie à craindre parce qu'il va falloir, au cas où les produits soient insuffisants pour couvrir toutes les demandes, sélectionner. Il y a un certain nombre de consommateurs qui ont mis des poêles parce que la facture électrique est trop élevée, mais ils ont toujours le chauffage électrique. À la limite le granulé n'est pas forcément indispensable. En revanche, ceux qui ont mis les chaudières doivent être servis en priorité. C'est leur seul moyen de chauffage.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.