Plan d’économies chez Danone : "À priori, on ne taille pas dans l'outil de production, ce qui devrait logiquement rassurer", selon un professeur d’économie
Gabriel Colletis, professeur d’économie, juge sur franceinfo que "Danone maintient son outil de production, ne réduit pas la voilure".
Danone a annoncé lundi 23 novembre un plan d'économies d'un milliard d'euros d'ici à 2023 et va supprimer jusqu'à 2 000 postes administratifs dans le monde, dont 400 à 500 en France. "À priori, on ne taille pas dans l'outil de production de Danone, ce qui devrait logiquement rassurer, au moins en partie, les syndicats", a estimé sur franceinfo Gabriel Colletis, professeur d’économie à l’université de Toulouse 1 et président de l’association du Manifeste pour l’industrie. Pour lui, "cela signifie que logiquement, Danone maintient son outil de production, ne réduit pas la voilure."
franceinfo : Ce plan d'économies est-il le premier d'une longue série dans l'industrie française ?
Gabriel Colletis : Effectivement, on peut craindre que ces licenciements soient les premiers d’une longue série. S'agissant de Danone, il ne s'agit pas de licenciements dans les effectifs de production puisque, comme ceci a été annoncé, ce sont des emplois administratifs, des emplois de cadres, des emplois de manager qui seront supprimés et non pas des emplois de production. Donc, à priori, on ne taille pas dans l'outil de production de Danone, ce qui devrait logiquement rassurer, au moins en partie, les syndicats. Cela signifie que logiquement, Danone maintient son outil de production, ne réduit pas la voilure, tente de maintenir son chiffre d’affaires qui a en effet baissé ces dernières semaines ou derniers mois du fait des difficultés liées au monde de la restauration, aux cafés et aux bars.
Cela veut-il dire qu’ils ont bon espoir de repartir, une fois la pandémie derrière nous ?
Absolument. Il est vrai que Danone cherche à diminuer ses coûts. Il est tout à fait vrai que Danone cherche à améliorer sa rentabilité. Ce qu'on peut dire aujourd'hui, de manière plus générale, c'est que l'industrie française est en quelque sorte à la croisée des chemins entre le monde d'hier – un monde où la finance continue d'imposer un certain nombre de normes où on diminue les coûts pour améliorer la rentabilité et les dividendes – et une autre option possible qui pourrait être celle de Danone. Je rappelle que Danone s'est déclarée elle-même entreprise à mission, ce qui signifie que comme géant français de l'agroalimentaire, elle se fixe d'autres objectifs que la seule rentabilité et les dividendes, en particulier des objectifs de transition écologique ou des objectifs consistant à améliorer la qualité des produits proposés pour coupler produits alimentaires, alimentation et santé. Donc on peut espérer que Danone choisira le monde de demain et non pas le monde d'hier.
Est-ce qu'on peut dire que les multinationales françaises, les grandes entreprises, souffrent toutes de la crise du Covid-19 aujourd'hui ?
De manière très inégale. Il est absolument certain que certaines entreprises s'en sortent mieux que d'autres, mais il est vrai que dans des secteurs qui sont très touchés par la crise, comme par exemple l'aéronautique évidemment avec Airbus ou l'automobile, ces secteurs là sont extrêmement affectés. Mais de toute manière, la seule solution pour les groupes français, quelle que soit leur situation actuelle, est aujourd'hui d'aller vers une compétitivité de type écologique. Donc soit ces groupes choisiront cette voie-là et pourront développer de nouveaux produits, je pense en particulier à Airbus avec l'avion du futur, soit ils choisiront la voie de la réduction d'effectifs, de la réduction de l'outil de production. Heureusement, cette voie n'est pas celle qui semble être choisie par Danone.
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