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Plan d’économies chez Danone : ce ne sont "que des plans pour faire plaisir à la place financière", regrette le syndicat CFE-CGC

En France, "400 à 500 personnes", "essentiellement des directeurs, des managers", seront concernées par ces suppressions de postes, a précisé à l'AFP le PDG de Danone Emmanuel Faber.

Article rédigé par franceinfo
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Une usine Danone à Ferrières-en-Bray (Seine-Maritime). Photo d'illustration. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

Danone va supprimer jusqu'à 2 000 postes administratifs, dont "400 à 500" en France. L'annonce a été faite lundi 23 novembre par le PDG du groupe. "Ce sont des restructurations, des plans d'économies qui ne débouchent sur rien en matière stratégique et qui, en fait, ne sont que des plans pour faire plaisir à la place financière", a réagi sur franceinfo François Hommeril, président de la CFE-CGC, syndicat de cadres, ajoutant que ceux qui payent les pots cassés sont toujours "les salariés".

franceinfo : Comprenez-vous cette logique d'économies qui est présentée ? La trouvez-vous justifiée ?

François Hommeril : Je ne la comprends pas du tout. Vous savez, sur la communication de Danone que j'ai relue en détail, il y a trois pages et on aurait pu changer de nom ou mettre le nom d'une autre société. Ça fait trente ans qu'on vit ça. Ce sont des restructurations, des plans d'économies qui ne débouchent sur rien en matière stratégique et qui, en fait, ne sont que des plans pour faire plaisir à la place financière. La raison est simple, tout le monde la connaît en interne, Danone fait 14% de marge opérationnelle, Nestlé en fait 17%. Et c'est la course à l'échalote entre les deux.

"Il faut toujours faire plus que l'autre. Et donc, qui paye les pots cassés ? Ce sont les salariés."

François Hommeril, président de la CFE-CGC

à franceinfo

En l'occurrence, je trouve, pour finir, un peu équivoque la communication du PDG de Danone qui nous dit : "Écoutez, ce n'est pas grave. Vous savez, ce sont des directeurs, des managers, des cadres". Ben non, ce sont des salariés qui sont concernés, ce sont des postes qui ne sont pas remplacés. De deux choses l'une, soit ils étaient utiles et à ce moment-là, il faut se poser la question de savoir qui va faire le travail que faisaient ces gens-là. Soit ils étaient inutiles et il faut se poser la question de savoir qui est en charge de l'organisation et qui, visiblement, est toujours aux manettes.

Ce qui vous gêne dans cette formulation, c'est l'idée que comme ce sont des personnels qualifiés, ils pourraient retrouver du travail sans problème ?

C'est toujours difficile. C'est vrai que quand on a une certaine qualification, quand on a un diplôme, il faut le dire, sur le marché de l'emploi, on a plus d’opportunités à retrouver du travail. Mais là encore, quand on est arrivé à un certain niveau de responsabilités, ce n'est pas si simple de retrouver du travail si on recherche, bien entendu, un emploi du même niveau de qualification et de responsabilités. Et on sait très bien, parce que les statistiques sont là pour nous le montrer, que parfois, un cadre de ce niveau-là, ça peut être un cadre de direction, un manager, un chef de service, il peut mettre jusqu'à 400 à 450 jours pour retrouver un travail de même niveau de qualification. Et il faut savoir aussi que le gouvernement ne nous aide pas en la matière puisqu'il a mis en place des dispositions qui, certes, sont reportées aujourd'hui jusqu'au 1er avril mais des dispositions qui sont particulièrement discriminantes pour justement ces cadres-là.

Est-ce une situation qui pourrait toucher d'autres groupes ? Est-ce que vous vous redoutez une déferlante d'annonces comme celle-ci ?

Oui, la déferlante, je la redoute et je dois vous dire qu'il va y avoir deux vagues en fait. Danone a vendu moins d'eau parce que les bars sont fermés. La première déferlante, c'est celle-ci. C'est-à-dire que ceux qui sont les fournisseurs en premier, ceux qui ont la main sur le marché, eux, vont se restructurer très vite et ils vont faire payer à la collectivité leurs restructurations. Et par derrière, il y a ces fameux établissements fermés : les bars, les hôtels, les restaurants, la restauration collective, tout ce qui est très, j'allais dire, représentative de notre modèle de fonctionnement de société. Beaucoup de ces établissements-là ne vont pas rouvrir. Et donc, il y aura aussi des conséquences sociales très importantes et très profondes. Et qui va s'en tirer ? Qui va tirer son épingle du jeu là-dedans ? Les très grandes sociétés qui n'auront comme seule vision, comme seule ligne de mire leurs cours de bourse et leurs taux de marge opérationnelle. C'est vraiment un sujet sur lequel il faut, pour le coup, commencer à poser les bases d'une rénovation de la gouvernance.

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