Cet article date de plus de cinq ans.

"C’est inédit ce qui est en train de nous arriver" : le cauchemar sans fin des salariés d’Ascoval

Après le placement en redressement judiciaire du sidérurgiste britannique British Steel, dont la maison mère vient de reprendre l’aciérie d’Ascoval de Saint-Saulve,  les salariés du site nordiste sont écoeurés.

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des salariés d'Ascoval, le 22 mai 2019, après l'annonce de la mise en redressement judiciaire de leur repreneur, à Saint-Saulve, dans les Hauts-de-France. (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

Avec trois repreneurs en deux ans, pour les salariés d’Ascoval, c’est comme un cauchemar sans fin. Le premier, Ascométal, a été placé en redressement judiciaire. Le deuxième, Altifort, n’a jamais versé les fonds promis. Le troisième, Olympus Steel, qui a racheté Ascoval il y a dix jours, est en difficulté, avec le placement en redressement judiciaire de sa filiale British Steel.

"Cela fait trois fois qu'on est repris"

Mercredi 23 mai, devant les portes de l’aciérie de Saint-Saulve, les salariés d’Ascoval étaient écoeurés. "Cela fait trois fois qu’on est repris, soupire, las, Nicolas Letellier, délégué CGT. Trois fois que le repreneur n’a pas les reins assez solides financièrement. Franchement, nous on est au bout du rouleau. C’est inédit ce qui est en train de nous arriver… Mettez-vous à notre place : trois fois !"

Certes, le repreneur a bien versé les cinq premiers millions promis. Sera-t-il pour autant en mesure de décaisser les 43 millions restants pour moderniser l’usine ? Et faut-il croire - comme le dit Bercy - que les déboires de British Steel n’auront pas d'incidence sur l’activité d’Ascoval ? Les salariés ne savent plus à qui se fier. Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France, venu mercredi les rencontrer, l’a bien compris. "Ils n’en peuvent plus, indique le président de la région Hauts-de-France. Est-ce que les ouvriers ont envie de continuer ? Aujourd’hui, ce n’est pas au ministre ni au président de région d’apporter les réponses."

C’est au repreneur d’être convaincant, et après ils décideront. Parce qu’ils en ont marre depuis des années et des années de se faire balader.

Xavier Bertrand

à franceinfo

"Mettez-vous leur place, poursuit Xavier Bertrand, c’est difficile pour eux de faire confiance à qui que ce soit. Il ne faut pas oublier qu’au final, ceux qui rentrent l’acier dans le four et qui sortent l’acier du four, ce ne sont pas les capitaux, ce sont les salariés. Et ils sont à bout."

L’enjeu pour les syndicats est d’obtenir des réponses claires du repreneur. Puis jouer carte sur table avec les salariés. Avec à la clef, un vote : pour ou contre le projet de reprise. Bruno Kopczynski, porte-parole de l’intersyndicale, s’y est engagé mercredi lors d’un échange avec les salariés désabusés. "C’est la dernière ligne droite, tenez le coup, explique-t-il à ses collègues. Après on verra : vous prendrez la décision et je n’irai pas contre vous. Si votre décision, au final, c’est de laisser tomber, on laisse tomber. A condition qu’il y ait une majorité claire et franche."

Si demain 80% des salariés disent qu’on arrête, on arrête. C’est vous qui aurez le dernier mot. On peut pas faire tourner l’usine si vous n’êtes pas là. Donc c’est vous qui déciderez au final.

Bruno Kopczynski, délégué CGT

à franceinfo

Un tel vote pourrait être organisé d’ici 15 jours, après les réponses attendues jeudi après-midi à Bercy, où le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, recevra direction, représentants syndicaux, élus des Hauts-de-France et de Valenciennes Métropole, et une rencontre prévue dans les jours à venir avec le repreneur.

"C’est inédit ce qui est en train de nous arriver" : le cauchemar sans fin des salariés d’Ascoval - reportage Sarah Lemoine

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.