Crèches privées : les dessous d'un business
Les places de crèche manquent en France. Le privé s'empare donc du marché et le business est très rentable, financé en partie par des subventions publiques.
Faire garder son bébé pour reprendre sereinement le travail est un casse-tête pour beaucoup de jeunes parents. La famille Maalaoui a failli ne pas trouver de solution pour leur seconde fille Malena. Elle a donc fait sa rentrée dans une petite crèche privée flambant neuve à Châtillon (Hauts-de-Seine). Une chance, car il y a eu 160 demandes pour 10 places à l'ouverture début septembre et le téléphone sonne encore tous les jours. Châtillon, qui se trouve à 4 km de Paris, est en pleine expansion. Chaque année, des centaines de jeunes couples avec enfants s'y installent. Depuis 2008, les crèches privées sont arrivées en nombre, créant 187 places. Sur la même période, la mairie, elle, n'a réussi à ouvrir que 26 places supplémentaires.
La contribution publique couvre jusqu'à 134% du coût de prise en charge réel
Élisabeth Surget, l'adjointe au maire en charge la petite enfance a vu ses dotations baisser et n'a plus les moyens d'investir. Alors, seule solution pour augmenter son parc : louer 114 berceaux dans des crèches privées de sa ville. Les mairies louent des places privées, mais aussi certains employeurs qui veulent offrir à leurs salariés un mode de garde. C'est là que les crèches privées trouvent leur rentabilité. Les marges peuvent atteindre 40%, le tout à grand renfort de subventions d'État. À la construction, la CAF rembourse jusqu'à 80% des dépenses d'aménagement puis, chaque mois, les familles touchent une allocation de garde d'enfant et un crédit d'impôt. L'employeur qui réserve une place, lui, est subventionné à 83% par l'État sous forme de crédit d'impôt famille et d'exonération fiscale. Au final, la contribution publique couvre jusqu'à 134% du coût de prise en charge réel.
Un rapport rédigé par l'inspection générale des affaires sociales dénonce ce fonctionnement. L’association des Maires de France remet en cause ses allocations versées au secteur privé. Il manque en France 230 000 places de crèche.
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