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"On a perdu 70% de chiffre d'affaires" : les fabricants de mobilier pour hôtels et restaurants, victimes collatérales du Covid-19

Avec des hôtels au ralenti et des restaurants fermés, les gérants ne renouvellent plus leur mobilier, faute de finances et de perspective précise sur l'avenir. Conséquence : les carnets de commande des fabricants restent désespérément vides.

Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Bernard Audidier, président de Sofams, qui fabrique des meubles pour les hôtels et villages vacances, à Fleuré (Vienne). (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

À l'accueil de l'entreprise Sofams, qui fabrique artisanalement des lits, des tables ou des bureaux en bois, le téléphone reste bien silencieux. "J'ai quelques coups de téléphone, mais c'est souvent de la pub. Mais sinon, rien du tout", lâche Nadine, qui s'apprête à partir à la retraite, après 33 ans dans la société. Les fabricants de mobilier pour les hôtels et restaurants sont en quelque sorte les victimes collatérales de la crise sanitaire. Si la pandémie de Covid-19 a mis un coup d'arrêt à l'activité des restaurants et fortement ralenti celle des hôtels, elle a aussi stoppé par ricochet celle de leurs fournisseurs de meubles.

Chez Sofams, à Fleuré près de Poitiers (Vienne), des penderies, des armoires, des têtes de lit, des tables, des chaises sortaient auparavant des chaînes de montage. "On fabrique vraiment tout ce que l'on peut trouver, pour les hôtels ou les résidences de loisirs", explique Bernard Audidier, le président de l'entreprise. Mais depuis des mois, il a vu son carnet de commandes se vider : "Là, on est dans la zone d'expédition. Vous voyez qu'il n'y a pas grand-chose, hormis un chantier en stock, qui est donc arrêté, pour un village vacances. Et puis il y a aussi eu l'arrêt de notre principal client hôtelier, nationalement connu. On a perdu 70% de chiffre d'affaires, en raison de la pandémie."

"Il y a tout de même encore des charges qui tombent et il faut bien les couvrir, avec une rentrée d'argent qui a été divisée par plus de dix."

Thierry Barratte, gérant du château de Périgny

à franceinfo

À quelques kilomètres de là, toujours dans la Vienne, à Vouillé, Thierry Barratte, qui dirige le château de Périgny, un hôtel trois étoiles, a reporté le renouvellement de la literie d'une partie de ses 43 chambres. Privé de 90% de sa clientèle, le gérant a décidé de repousser les dépenses non urgentes : "Les finances ne sont pas forcément au rendez-vous et on n'a aucune visibilité sur l'avenir." Le patron de l'hôtel a tout de même réalisé les travaux qui ne pouvaient pas attendre : l'amélioration de l'étanchéité et la rénovation de la toiture.

Thierry Baratte, gérant de l'établissement 3 étoiles du Château de Périgny à Vouillé (Vienne). (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

Pour Hugues Baalouch, le président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie dans la Vienne, la survie des établissements dépend directement des investissements réalisés : "Quand un hôtel a 15 ou 20 ans, avec des meubles qui ont 15 ou 20 ans, on n'est plus au goût du jour. Et si on n'est plus au goût du jour, la satisfaction client descend forcément, ça fait descendre le prix moyen, jusqu'au moment où on arrive à un prix moyen qui est trop bas et qui ne permet pas de payer les charges fixes. Donc l'investissement récurrent est obligatoire dans nos métiers. Si l'on ne se renouvelle pas tous les cinq ou dix ans, on est mort." Dans la Vienne, il est déjà trop tard pour deux hôteliers, pris à la gorge, et qui n'ont eu d'autre choix que de fermer définitivement leur établissement.

Les fabricants de meubles pour les hôtels au point mort en raison du Covid-19 : reportage de Sébastien Baer

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