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"On a combattu pour que Marseille reste en vie" : les restaurateurs marseillais, soulagés de pouvoir rouvrir, ne comprennent toujours pas la fermeture des bars

La décision du gouvernement d'autoriser les restaurants à ouvrir en zone d'alerte maximale, mais pas les bars, est une victoire en demi-teinte pour les commerçants marseillais. Ils dénoncent un climat "anxiogène".

Article rédigé par franceinfo, Olivier Martocq
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La terrasse d'un restaurant sur le Vieux Port de Marseille, le 28 septembre 2020. (VALLAURI NICOLAS / MAXPPP)

Dès 9 heures lundi 5 octobre, dans la grande salle de la brasserie La Gratinée, en plein coeur du MIN de Marseille, quelques habitués sont là pour le café. Ils ne sont pas accoudés au bar, mais assis derrière des tables espacées. "C'est agréable de s'arrêter, de boire un café et de repartir faire sa journée, ça coupe un peu la matinée. Ça nous apaise oui", confie un client alors que le gouvernement a annoncé la réouverture des restaurants de la métrople d'Aix-Marseille, en zone d'alerte maximale pour le Covid-19.

"Ça pédale dans la choucroute"

Bernard Marty, le président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) dans les Bouches du Rhône a passé la consigne à tous les restaurateurs fermés depuis une semaine : "Vous pouvez rouvrir ce matin sans attendre l'arrêté préfectoral." Mais il ne comprend toujours pas. "Tout le monde nous dit 'c'est une victoire'. Les gens nous félicitent de l'avoir fait. Moi, je dis clairement qu'on n'a pas fait grand chose. On a simplement combattu pour que Marseille reste en vie et Marseille n'est pas en vie ce matin, peste Bernard Marty. Marseille n'a que des restaurants qui sont ouverts jusqu'à 22 heures, additionné à ça les cafés et les bars qui sont fermés."

Qu'on consomme une entrecôte, une bière ou un café à table, quelle est la différence dès lors qu'on est assis en respectant les règles barrières et le protocole sanitaire ?

Bernard Marty

à franceinfo

"Franchement, on a le sentiment que ça pédale dans la choucroute. Je pense qu'on n'avait pas d'autre alternative que d'ouvrir Marseille parce qu'on ne fermait pas Paris", poursuit-il. Et le président de l'UMIH-13 de lancer un message "à ceux qui décident là-haut dans leurs ministères : 'Vous êtes plus en danger dehors, dans les transports en commun, dans les grandes surfaces que dans les restaurants et les bars'". 

>> Covid-19 : la fermeture des bars, "c'est une grande tristesse", déplore un responsable du Groupement national des indépendants de l'hôtellerie-restauration.

Derrière le bar de La Gratinée, Michel s'active, content de reprendre du service. "On vient juste d'ouvrir ce matin et on est très heureux de revoir nos clients. Normalement, c'était prévu pour 15 jours. Une semaine de gagnée, c'est très encourageant, s'enthousiasme le restaurateur marseillais qui a très mal vécu cette semaine d'inactivité. Je n'avais jamais vu ça, c'est très anxiogène. De toute façon, il n'y a aucun service qui se fait au bar, tout en salle et avec le masque. On travaille toujours avec le masque, en salle ou en cuisine."

Tout le monde travaille avec le masque. Il y a du gel hydroalcoolique partout. Tout est respecté.

Michel, patron de La Gratinée

à franceinfo

"On est en bonne santé", ajoute Michel en riant et faisant raisonner le bois du bar en tapant du poing. Reste une grande question : les clients seront-ils de retour ? Une centaine de plats du jour - le sauté de poulet au curry - a été préparé dans les cuisines de la Gratinée. En temps normal, il y en aurait eu le double.

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