Hôtellerie-restauration : "C'est le père Noël", se réjouit un serveur après les annonces de revalorisation des salaires
Le syndicat patronal Umih a fait plusieurs propositions mardi pour aider à recruter des salariés dans le secteur de l'hôtellerie-restauration. Ces annonces ont donné le sourire aux employés. Du côté des patrons, la réaction est plus mitigée.
Mickaël, serveur dans un café parisien depuis cinq ans, est plutôt enthousiate quand il évoque les propositions de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH). "C'est le père Noël. Avoir des promesses comme ça, c'est bien. Après il faut les appliquer, note ce serveur qui reste méfiant. Entre ce qu'ils disent et la réalité il y a souvent un grand pas." Le principal syndicat des patrons de l'hôtellerie-restauration, suggère mardi 5 octobre une augmentation du salaire mensuel entre 6 et 9%, un 13e mois et un week-end de repos toutes les trois ou quatre semaines.
L'objectif est d'attirer de nouveaux salariés dans une profession qui peine à recruter, particulièrement depuis la crise sanitaire. Payée 1 300 euros par mois, cette salariée d'une pizzeria ne cracherait pas sur une augmentation. Elle pense aussi à ses enfants, avoir un week-end de repos par mois, ça fait longtemps qu'elle en rêve : "Ça changera beaucoup de choses. On aura plus d'avantages. On aura plus de temps avec la famille."
Les conséquences de la crise sanitaire toujours visibles
Fabrice est patron d'un restaurant. Il emploie sept personnes et il n'est pas vraiment d'accord avec les propositions de l'Umih, un syndicat pourtant censé le représenter : "On augmente les salaires. J'ai vu quoi aussi ? Un 13e mois ? Deux semaines de vacances en plus, énumère ce restaurateur. Ils sont assis derrière leur bureau et ils disent on fait ci, on fait ça mais qu'ils viennent prendre ma place. Moi, ça fait 22 ans que je suis à mon compte. Le business est mort." La crise sanitaire a aussi coûté des clients à Stéphane Martin. Il est chef et propriétaire d'un restaurant dans le 15e arrondissement de Paris : "On sort d'une crise où on a perdu énormément d'argent, indique-t-il.
"C'est bien beau de faire des offres comme ça au personnel mais est-ce qu'il y a un retour sur les charges pour les patrons aussi ?"
Stéphane Martinà franceinfo
Un avis partagé par Stéphane, un autre chef d'établissement. Il n'est pas contre le fait d'améliorer les conditions de travail des salariés mais pas sans contreparties. Il en appelle donc au gouvernement : "Quand on paye un employé 2 000 euros, on a 1 000 euros de charges. S'ils veulent qu'on augmente les salaires, ils n'ont qu'à baisser les charges. Le gouvernement n'a qu'une chose à faire : baisser les charges. La défiscalisation des pourboires sur les cartes bleues, ça ne sert à rien. C'est une goutte d'eau dans l'océan."
Pourtant, ce chef d'établissement a bien conscience qu'il faut faire quelque chose pour attirer les jeunes dans le métier. Il cherche une serveuse depuis plusieurs mois : "Les jeunes ont les petits boulots... Et puis ils ont changé. Ils en ont peut-être marre de la restauration ? Moi je pense que c'est un petit ras-le-bol, ils ne veulent pas se casser 8h à 10h par jour pour ne pas gagner grand-chose. Est-ce que même une hausse des salaires de 5%-6% ça suffirait ?", s'interroge-t-il. Le syndicat patronal veut également mettre en place une épargne salariale et une prime d'intéressement pour les salariés.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.