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Contrôle des pièces d'identité dans les restaurants : "On ne peut pas faire de critères de sélection", alerte l'UMIH

L'Union des métiers des industries et de l'hôtellerie s'inquiète aussi du retour du télétravail. "La manière la plus simple de vider des restaurants", affirme son vice-président.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un contrôle du pass sanitaire à l'entrée d'un restaurant de Rennes (Ille-et-Vilaine), le mercredi 5 janvier 2022. (MARTIN ROCHE / OUEST-FRANCE / MAXPPP)

Alors que des sénateurs souhaitent ajouter au projet de loi sur le pass vaccinal la possibilité de contrôler les pièces d'identité des clients dans les restaurants et lieux de culture, l'Union des métiers des industries et de l'hôtellerie (UMIH) alerte sur un risque de discrimination. "On ne peut pas faire de critères de sélection lorsqu'on va contrôler les clients" , prévient Jean Terlon, jeudi 6 janvier sur franceinfo. Il estime qu'on "demande aux professionnels de combler la faute qui a été faite de faire un pass falsifiable".

francenfo : Des sénateurs envisagent de rendre possible le contrôle des papiers d'identité en même temps que le pass vaccinal. Qu'en pensez-vous ?

Jean Terlon : Le problème de ce texte est qu'il est complètement absurde. Soit demander une pièce d'identité est obligatoire, soit ça ne l'est pas. On demande aux professionnels de combler la faute qui a été de faire un pass falsifiable alors qu'il aurait fallu, depuis le début, utiliser une norme qui permet d'intégrer une photo d'identité. On nous dit "vous avez la possibilité de demander une pièce d'identité", mais sous quels critères ? On ne peut pas faire de critères de sélection lorsqu'on va contrôler les clients.

Notre travail, nous, professionnels qui accueillons du public, c'est de laisser entrer des clients avec un pass qui indique vert, c'est-à-dire vacciné. C'est tout ce dont on a besoin.

Jean Terlon

à franceinfo

On n'est pas habilités à faire une sélection. Je trouve que c'est inutile d'avoir mis ça dans le texte. Le seul contrôle le plus sérieux que l'on puisse faire sur un pass, qui pourrait soulever un doute, c'est de voir que la personne en face de nous est de sexe masculin mais que son pass est de sexe féminin. C'est tout ce qu'on peut faire. Si quelqu'un me présente un pass au nom de Pierre Durand et que je pourrais penser qu'il n'a pas le physique de Pierre Durand, sous quel critère je peux prendre cette initiative ? C'est de la discrimination et ça, on le refuse totalement. Donc, je pense qu'on continuera comme d'habitude. Je pense que cette formulation dans le texte ne sert à rien puisqu'elle n'a pas de caractère obligatoire.

Le télétravail augmente en France. Les entreprises ne le respectant pas risque une amende de 1 000 euros par salarié. Est-ce que cela a des conséquences dans les restaurants ?

On est incapables de vous donner un chiffre très sérieusement, mais ce que l'on peut dire, c'est que nous l'avons déjà vécu lors du premier confinement. On s'est aperçus qu'effectivement le télétravail était la manière la plus simple de vider des restaurants avec service à table.

Ça va être la part belle à la restauration rapide, comme la dernière fois, avec les livraisons.

Jean Terlon

à franceinfo

On n'est pas en situation d'être fermé cette fois-ci mais on est en situation de subir un manque de clients. La sanction est quand même de 1 000 euros par salarié pour les entreprises qui n'appliquent pas le télétravail, c'est très, très incitatif. Lors du premier confinement, on avait perdu 30% ou 40% de clients parce que le télétravail vide les restaurants le midi.

Les restaurants et les bars sont concernés par de nouvelles restrictions aussi, il n'est de nouveau plus possible de consommer debout. Allez-vous bénéficier d'aides de l'Etat pour compenser le manque à gagner ?

Les aides seront délivrées au cas par cas donc il va y avoir une sélection. Là, on n'est plus dans le "quoi qu'il en coûte". Chaque restaurateur sera un cas particulier et sera plus ou moins aidé en fonction de critères qui, pour l'instant, restent à définir. La situation est beaucoup moins claire que lorsque l'on était interdit d'exercer. Les aides étaient en compensation de nos pertes de chiffre d'affaires. Là, pour l'instant, on subit. On subit avec un métier qui, malheureusement, est dans une difficulté insoupçonnable, entre le manque de personnel, le personnel contaminé et le télétravail. Je pense que la coupe est pleine pour travailler sereinement dans nos métiers. Ça devient extrêmement compliqué, voire déroutant.

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