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Policiers et gendarmes touchés par une brutale vague de suicides

Depuis le début de l'année, 62 policiers et gendarmes ont mis fin à leurs jours. Le ministre de l'Intérieur a annoncé dimanche vouloir "renforcer" l'efficacité des mesures visant à prévenir le suicide chez les forces de l'ordre.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un policier en poste lors d'une operation de contrôle, à Valenciennes (Nord), le 10 novembre 2017.  (MAXPPP)

Huit membres des forces de l'ordre ont mis fin à leurs jours en une semaine : après quelques années d'accalmie, policiers et gendarmes craignent qu'en 2017 le fléau des suicides dans leurs rangs ne retrouve ses plus hauts niveaux. Le ministre de l'Intérieur a donc annoncé, dimanche 12 novembre, son intention de réunir "rapidement" les représentants de ces professions afin de renforcer la prévention des risques psychosociaux. 

Quel est le bilan depuis le début de l'année ?

Ils sont gardien de la paix ou commissaire de police, gendarme membre d'une unité d'intervention ou commandant d'une brigade de proximité, fonctionnaire ou militaire exerçant en zone rurale ou dans l'agglomération parisienne : ils font partie des 46 policiers et 16 gendarmes qui se sont donné la mort depuis le début de l'année 2017, selon un décompte du ministère de l'Intérieur et de l'AFP.

Dimanche 12 novembre, c'est le commissaire Antoine Boutonnet, ex-chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, qui a été retrouvé mort, après avoir probablement mis fin à ses jours avec son arme de service. Le corps du policier a été retrouvé dans son bureau de la sous-direction de l'anticipation opérationnelle, un service de la gendarmerie nationale. Dans la soirée, ce terrible bilan s'est aggravé avec le suicide d'une policière dans la région de Perpignan.

Comment expliquer ce phénomène ?

Après un pic en 2014, année noire au cours de laquelle 55 policiers (contre 40 en moyenne annuellement) et une trentaine de gendarmes avaient mis fin à leurs jours, le nombre de suicides parmi les forces de l'ordre avait décru en 2015 et 2016. Effet du plan de prévention présenté en janvier 2015 par Bernard Cazeneuve (recrutement de psychologues, redynamisation des cellules de veille, nouveaux cycles de travail...) ? Ou conséquence vertueuse du tourbillon opérationnel dans lequel sont plongées les forces de l'ordre depuis deux ans, face à une menace terroriste sans précédent ?

"Policiers et gendarmes sont très mobilisés sur la défense des autres depuis deux ans. Peut-être que cela les a amenés à moins se soucier d'eux-mêmes mais peut-être que cela a également généré de l'usure", avance prudemment Céline Berthon, secrétaire générale du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN).

"Confrontés au quotidien à la misère humaine, à la violence et au pire que l'on puisse trouver chez l'homme, les policiers ne peuvent plus supporter ce manque de considération, facteur du passage à l'acte dramatique", estime Unité-SGP-Police, qui demande une "réunion immédiate" du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de la police nationale. Management "déplorable", manque de considération, mauvaises conditions de travail, "usure professionnelle", "désocialisation", politique du chiffre sont renvoyés sur le banc des accusés par le syndicat de gardiens de la paix.

Les suicides parmi les forces de l'ordre ont des causes multiples et touchent des profils variés, relève Céline Berthon. "Une institution qui est confrontée à ce phénomène doit être en mesure, de manière dépassionnée, de se demander : 'Y a-t-il des choses qui peuvent faciliter le passage à l'acte ou le provoquer ? Et, le cas échéant, comment puis-je faire un travail de prévention ?'"

Comment réagit le ministère de l'Intérieur ?

Cette hausse du nombre de suicides a conduit le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, à demander dimanche soir aux directeurs généraux de la police nationale, de la gendarmerie et de la sécurité intérieure "une évaluation des mesures mises en œuvre pour prévenir les suicides parmi les forces de l'ordre". Le ministre a annoncé en outre vouloir réunir "rapidement les représentants des policiers et gendarmes pour évoquer les dispositifs de prévention existants et les moyens d'en renforcer encore l'efficacité". 

Face à ces drames, Gérard Collomb a fait part de "sa vive émotion" et assuré les familles et les proches des victimes de son "total soutien dans l'épreuve", comme de l'ensemble des agents du ministère de l'Intérieur.

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