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Verdict du procès Fiona : la "victoire du droit sur la rue" ou du "mensonge" ?

20 ans de réclusion criminelle pour Berkane Makhlouf, contre 5 ans de prison pour la mère de Fiona, Cécile Bourgeon : la cour d’assises du Puy de Dôme a rendu son verdict vendredi. 

Article rédigé par franceinfo, Delphine Gotchaux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Cécile Bourgeon, mère de Fiona, au tribunal de Riom le 5 septembre. (THIERRY ZOCCOLAN / AFP)

Il y aura sans doute un procès en appel dans l'affaire Fiona, après le verdict rendu vendredi 25 novembre par la cour d’assises du Puy de Dôme à Riom.

Le beau-père de la fillette, Berkane Makhlouf, a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle, assortie d’une période de sûreté des deux tiers. Son avocat envisage de faire appel. La cour l’a reconnu seul coupable de violences volontaires ayant entrainé la mort de Fiona, sans intention de la donner.

La mère de la petite fille, Cécile Bourgeon, écope quant à elle de 5 ans de prison, notamment pour non assistance à personne en danger et dénonciation de crime imaginaire.

Berkane Makhlouf rattrapé par son passé

Le passé de Berkane Makhlouf a joué en sa défaveur : les multiples condamnations, certaines pour violences, et les témoignages devant la cour de deux anciennes compagnes, venues raconter le cauchemar qu’elles avaient vécu avec lui, les débuts idylliques puis les coups de plus en plus fréquents.

Il a sans doute été difficile après cela pour les jurés d’entendre les dénégations de Berkane Makhlouf. L'image du gentil beau-père a été largement écornée, même si le personnel enseignant de l’école de Fiona est, par exemple, venu dire que la petite fille semblait l’aimer et courait vers lui quand il allait la chercher à l’école.

Je ne suis pas un bourreau d’enfant, je n’ai jamais frappé Fiona

Berkane Makhlouf

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Pour la cour, le seul coupable de la mort de Fiona reste Berkane Makhlouf. Il n’y avait aucune preuve dans le dossier pour attester de coups portés par Cécile Bourgeon sur sa fille. Elle est donc acquittée pour les faits criminels de violences volontaires.

Le président de la cour d’assises a justifié cette décision à l’audience, estimant "qu’il y avait un seul élément à charge contre la mère de Fiona : la parole de Berkane Makhlouf".

Une mère "défaillante" mais "jamais violente" selon l'avocat de Cécile Bourgeon

Une autre explication a été avancée, notamment par les parties civiles, pour tenter d’expliquer ce verdict : la difficulté en France de condamner des mères. Marie Grimaud, avocate de l’association "Innocence en danger", est de cet avis, elle qui a tenté pendant tout le procès de faire parler Cécile Bourgeon.

Pour les parties civiles, ce verdict est difficilement compréhensible. Il fallait condamner les deux ou ne condamner personne : pourquoi croire la parole de l’un plus que celle de l’autre ?

Est-ce, comme l’a dit l’avocat de Cécile Bourgeon un verdict "courgageux""la victoire du droit sur la rue" ou au contraire, comme le pensent les parties civiles "la victoire du mensonge et de la manipulation" ?

On a un tabou en France : une mère ne peut pas mettre fin aux jours de son enfant

Marie Grimaud, avocate

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A l'annonce du verdict, en tout cas, Cécile Bourgeon n’a manifesté aucune émotion, comme ell l'a fait tout au long du procès : elle n’a pas cillé, est resté droite, le regard fixé sur la cour. Berkane Makhlouf, lui, a écarté les bras en signe d'incompréhension, tandis que le père de Fiona quittait la salle en colère.

Un peu plus tard devant le tribunal, les fourgons pénitentiaires de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf ont été hués et sifflés par une foule d'une quarantaine de personnes. 

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