Mesures pour la Seine-Saint-Denis : "Il y a des débuts de solutions, mais il faut l'engagement d'une réflexion à long terme", affirme une avocate
Me Valérie Grimaud, avocate au barreau de Seine-Saint-Denis, analyse les mesures annoncées pour ce département en difficulté par Édouard Philippe jeudi.
"Je vois des annonces, avec des débuts de solutions, ce qui n'est plutôt pas mal, mais ce que je n'entends pas, c'est l'engagement d'une réflexion à long terme, et en profondeur", a réagi jeudi 31 octobre sur franceinfo Me Valérie Grimaud, avocate au barreau de Seine-Saint-Denis, ancienne bâtonnière, ancienne présidente de la commission famille du barreau. Elle avait à ce titre initié 25 actions contre l’État pour des "délais excessifs" dans leurs procédures devant le juge des affaires familiales, procédures ayant abouti entre 2016 et 2018 à 25 condamnations de l’État.
Valérie Grimaud commentait les 23 mesures annoncées jeudi par le Premier ministre Édouard Philippe pour le département de la Seine-Saint-Denis, qui connaît d'importantes difficultés. Des mesures tournées vers les fonctionnaires, la sécurité, la justice et l'éducation. Dans le domaine de la justice notamment, 35 postes de greffiers et 12 de magistrats seront créés.
On sent qu'il y a enfin un début de prise de conscience, mais ce qui est compliqué c'est qu'on essaie de croire qu'avec quelques mesures on va avoir des résultats immédiats.
Valérie Grimaud, avocateà franceinfo
"L'accumulation du déficit en Seine-Saint-Denis, il ne date pas d'un an, de deux ans, de trois ans, a expliqué Valérie Grimaud. C'est 40 ans d'une politique décidée et qui n'a jamais changé. Il y a eu une incurie permanente dans ce département. Cela prend des volumes tels que pour remonter le déficit, il va falloir avoir une réflexion de fond que je ne vois pas."
"Sous-effectif permanent"
L'avocate prend l'exemple de l'annonce d'une prime de 10 000 euros octroyée aux fonctionnaires demeurant au moins cinq ans en poste dans le département. "Ce n'est pas mal, ça peut être un facteur de motivation, à la condition que ces fonctionnaires voient aussi, dans la façon dont est organisé leur travail dans ce département, des vrais changements", a estimé Valérie Grimaud.
"On ne peut pas demander à des gens de travailler en sous-effectif permanent, sur des dossiers beaucoup plus compliqués qu'ailleurs, et avec toujours beaucoup moins de moyens concrets d'actions, en espérant que cinq ans et 10 000 euros au bout du compte suffisent, a affirmé l'ancienne bâtonnière. Et puis au bout de cinq ans, on fait quoi ? On en remet d'autres, on repaye ? Est-ce qu'on va avoir une réflexion de fond sur un meilleur encadrement de ces personnes-là, quand on sait qu'on met les sortants d'écoles, moins nombreux que les autres, moins formés ?"
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