Marie Crétenot (Observatoire international des prisons) : "Plus on construit, plus on remplit"
Jean-Jacques Urvoas devrait confirmer, à la maison d'arrêt de Fresnes, la création de 10 000 nouvelles places en prison. Mais pour Marie Crétenot de l'OIP, la création de nouvelles places n'est pas la solution car "plus on construit, plus on remplit".
L'encellulement individuel, un principe inscrit dans la loi depuis 140 ans mais jamais appliqué, sera au centre d'un rapport révélé mardi 20 septembre par Jean-Jacques Urvoas, ministre de la Justice, lors d'une conférence de presse à la maison d'arrêt de Fresnes dans le Val-de-Marne. Le ministre est très attendu par les syndicats pénitentiaires qui réclament plus de moyens face à une surpopulation carcérale grandissante. Jean-Jacques Urvoas devrait confirmer la création de 10 000 nouvelles places en prison. Pour Marie Crétenot, juriste à la section française de l’Observatoire international des prisons (OIP), invitée mardi de franceinfo, la création de nouvelles places n'est pas la solution car "plus on construit, plus on remplit".
La création de nouvelles places en prison est-elle la solution pour lutter contre la surpopulation carcérale ?
Marie Crétenot : Si on n'agit pas sur les facteurs de hausse de la population détenue, ça aboutit à ce que les prisons à court et moyen terme soient surpeuplées. Plus on construit, plus on remplit. C'est un principe qui est établi à partir du moment où on ne change pas de politique pénale.
Que faudrait-il faire alors ?
Il y aurait déjà un moyen de résoudre quasiment immédiatement la surpopulation en France, ça serait juste d'appliquer la loi. C'est-à-dire permettre à des détenus condamnés à de courtes peines, moins de deux ans ou d'un an, de bénéficier d'aménagements de peine. (…) On n’aurait plus de surpopulation en maison d'arrêt. Cela pourrait être fait immédiatement et on règle le problème de la surpopulation. Cela peut être de la semi-liberté ou du placement à l'extérieur voire l'idéal, ça serait plutôt de prononcer des alternatives à l'incarcération (…) On sait qu'une sanction non carcérale présente des taux de récidive deux fois moins importants.
Des voix s'élèvent pour supprimer les unités de prévention à la radicalisation au sein des prisons. Comment gérer les détenus accusés de terrorisme ?
Déjà avec une autre approche d'évaluation. On est juste sur un critère judiciaire. Le fait d'avoir commis une infraction en lien avec le terrorisme qui recouvre des profils extrêmement différents et qu'on réunit ensemble dans ces unités-là (… ) Une des problématiques, c'est l'absence de prise en charge (…) On crée de poudrières. Surtout que les mécanismes de sorties sont extrêmement compliqués.
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