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Les "robots-avocats" : quand l'intelligence artificielle facilite les démarches juridiques

Faire sauter un PV, conseiller une entreprise... Les logiciels d'intelligence artificielle augmentée sont apparus dans les milieux juridiques anglo-saxons ces dernières années. Le phénomène arrive aujourd'hui en France.

Article rédigé par franceinfo - Pierre Coquelin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les "robots-avocats", logiciels d'intelligence artificielle, débarquent en France (photo d'illustration) (ERIC AUDRAS / MAXPPP)

Précisons-le d'emblée : le temps où vous réglerez votre divorce devant un sosie de C-3PO, le droïde de la saga Star Wars, n'est pas encore arrivé. En revanche, l'intelligence artificielle est bel et bien en train d'émerger dans le monde juridique. Le phénomène des "robot lawyers", "robots-avocats" en français, se développe essentiellement aux États-Unis et au Royaume-Uni. Il commence à toucher l'Hexagone. Ce terme générique regroupe des dizaines de logiciels, destinés à faciliter vos démarches, qu'il s'agisse de contester un PV ou de vous conseiller quand un colis n'arrive pas à destination.

Aller plus vite, coûter moins cher

C'est à Nice qu'a ainsi été développé LiZa, un avocat électronique, fruit du travail d'une dizaine de personnes et des recherches de Fred Lamoulie. "Ce n'est pas un robot humanoïde, précise cet ingénieur digital marketing. Cela fonctionne via un logiciel de messagerie instantanée. LiZa est une intelligence artificielle, qui comprend le langage et sait trouver les meilleures solutions à des problématiques juridiques." 

Un système similaire de discussion électronique a été développé en septembre 2015 au Royaume-Uni pour contester les PV. En moins d'un an, ce logiciel intitulé DoNotPay revendiquait avoir fait sauter près de 160 000 contraventions sur 250 000 reçues.

Autre mission de ces intelligences artificielles : faciliter l'action des avocats. Aux États-Unis, l'une des technologies les plus avancées a débarqué au mois de mai au grand cabinet d'avocats BakerHostetler. Son petit nom : Ross. Sa spécialité : les faillites d'entreprises. Il aurait déjà remplacé à lui seul une cinquantaine d'avocats. Les recherches en jurisprudence, qui peuvent prendre deux jours de travail, ne prennent plus que quelques minutes.

Vers une automatisation du traitement des petits contentieux

Les avocats vont-ils à terme être remplacés par des "robots" ? La réponse est non pour Denis Criton, avocat associé chez Latham et Watkins à Paris. "C'est plutôt une opportunité pour nous d'être plus efficaces, tout en optimisant les coûts pour nos clients", commente-t-il. Pas d'inquiétude non plus chez Lise Damelet, du cabinet Orrick Rambaud Martel. Loin d'être un danger, ces logiciels permettent aux avocats de se concentrer sur "des tâches à plus haute valeur ajoutée", explique-t-elle.

L'arrivée des "robots-avocats" suscite toutefois quelques interrogations. Si l'automatisation se développe, "les avocats qui ne vivent que des petits contentieux vont devoir se reconvertir, analyse Bruno Dondero, professeur de droit à la Sorbonne. Cela aura des conséquences sociales importantes". Cette révolution pose également des questions déontologiques qui restent limitées, tant que cette intelligence artificielle augmentée reste sous la supervision des avocats.

Les "robots-avocats" : quand l'intelligence artificielle facilite les démarches juridiques. Le reportage de Pierre Coquelin

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