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Affaire du "Grêlé" : "Personne n'a pu croire un seul instant qu'il pouvait être l'individu recherché", confie un ancien collègue policier

François Vérove, l'ancien gendarme qui s'est suicidé dans le Gard était bien le "tueur au visage grêlé". Il a laissé une lettre d'aveux et a été confondu par son ADN. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Portrait robot du "tueur au visage grêlé", dessiné en 1986 après la mort de Cécile Bloch, tuée dans le sous-sol de l'immeuble où elle vivait avec ses parents à Paris. (MAXPPP) (MAXPPP)

"Je rumine ça depuis ce matin", confie vendredi 1er octobre sur franceinfo le policier Denis Jacob, actuel secrétaire général du syndicat Alternative Police. À la fin des années 1990, il a côtoyé quotidiennement François Vérove sans savoir qu'il était le "tueur au visage grêlé" recherché depuis 1986. "C'est vrai qu'il s'énervait assez facilement, mais il n'y avait jamais de violence. Il était totalement inséré socialement et avait de bonnes relations avec nous et ses collègues (...) Personne n'a pu croire ou détecter un seul instant qu'il pouvait être l'individu recherché."

franceinfo : À quel moment avez-vous connu cet homme ?

Denis Jacob : À l'époque, François Vérove était comme moi membre du syndicat Alliance. J'étais en charge du département des Hauts-de-Seine, entre 1995 et 1999, et François était l'un de nos délégués pour les motards de la police nationale. Je le côtoyais tous les jours puisque mes bureaux étaient au sein même de la direction territoriale des Hauts-de-Seine, comme son unité. On se voyait au café, il venait nous voir au bureau. C'était un homme gentil, toujours serviable, disponible et prêt à défendre la cause syndicale. C'est vrai qu'il s'énervait assez facilement, mais il n'y avait jamais d'agressivité ou de violence. Il était totalement inséré socialement et avait de bonnes relations avec nous et ses collègues.

Quelle a été votre réaction quand vous avez appris que François Vérove était bien le "tueur au visage grêlé" ?

Ce n'est que mon avis très personnel mais j'ai fait un parallèle avec une période de souffrance très importante qu'il a vécue entre 1995 et 1999. Je l'ai vu dans de tels états de déprime… Physiquement, il n'était pas bien. Il était en souffrance et prenait des médicaments pour lutter contre la dépression. Il a ensuite été en arrêt maladie plusieurs mois. Je rumine ça depuis ce matin, mais avec le recul je me demande si c'est son état de santé qui l'a conduit à commettre ces actes ou si ce sont ces actes, et d'éventuels remords, qui l'ont mis dans cet état ? Je ne sais pas. L'enquête déterminera peut-être s'il avait consulté à l'époque un psychologue ou psychiatre. En tout cas, le meurtrier tel qu'on en parle n'est pas l'homme que j'ai connu dans le cadre de mon activité professionnelle. Cela fait penser à un dédoublement de personnalité, je ne sais pas.

Le fait d'avoir été gendarme puis policier a-t-il pu lui permettre de ne pas être retrouvé ?

De ce que je connais de François Vérove et de son parcours professionnel, ce n'était pas un spécialiste de la police judiciaire. C'était un policier en tenue. Je doute qu'il connaissait l'ensemble des ficelles pour éviter qu'une enquête aboutisse. En revanche, effectivement, sa profession de policier et le fait qu'il était inséré socialement l'a placé en dehors de tout soupçon. Il passait peut-être plus facilement entre les mailles des filets parce qu'aucun signe ne permettait de déterminer clairement qu'il pouvait être l'auteur de ces crimes contrairement à des marginaux de la société par exemple. Il a côtoyé des dizaines et des dizaines de policiers, dont ses supérieurs hiérarchiques. Il était au sein d'une direction de 800 agents ! Mais il était connu puisqu'il avait déjà de l'ancienneté dans la police. Personne n'a pu croire ou détecter un seul instant qu'il pouvait être l'individu recherché.

Il y avait pourtant déjà cette hypothèse que le "grêlé" pouvait être un policier ou un gendarme. Est-ce que les policiers l'avaient à l'esprit ?

À l'époque, on avait des dizaines de portraits robots affichés dans les commissariats de police. Bien évidemment qu'on l'avait lui aussi et que si on voyait quelqu'un qui pouvait ressembler à l'individu recherché on aurait procédé à un contrôle, mais, très honnêtement, et sans remettre en cause le travail de mes collègues de l'époque avec le peu de moyen qu'ils avaient, quand je vois les portraits robots de l'époque, c'est très loin de ce à quoi ressemblait François Vérove. À l'époque, les portraits robots n'étaient pas aussi évolués qu'aujourd'hui.

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