Médailles olympiques, femmes, entraînement... Cinq chiffres surprenants sur l'armée française
Dans un rapport rendu vendredi, le Haut Comité d'évaluation de la condition militaire passe au crible l'armée française. Franceinfo y a repéré cinq statistiques surprenantes.
Savez-vous combien de médailles olympiques a remporté l'armée française aux Jeux de Rio de Janeiro ? Combien de femmes figurent dans ses rangs ? Ou encore la fréquence à laquelle un colonel est obligé de déménager ? Dans un rapport rendu public vendredi 6 octobre, le Haut Comité d'évaluation de la condition militaire, composé de neuf personnalités indépendantes, dresse un portrait-robot très précis des forces françaises.
Franceinfo y a repéré cinq chiffres inattendus.
1Les militaires ont rapporté 29% des médailles françaises aux JO de Rio
Ils ne combattent pas sur les champs de bataille, mais sur les terrains de sport. Grâce à un programme aménagé, de nombreux sportifs de haut niveau conjuguent la pratique de leur sport avec leur métier de militaire. Un mariage qui fonctionne : aux Jeux olympiques de Rio, les athlètes engagés sous les drapeaux ne représentaient que 9% de la délégation française, mais 29% des médailles. On peut par exemple citer le cavalier Thibaut Valette, médaille d'or par équipe, ou la judokate Audrey Tcheumeo, médaille d'argent. Le poids des uniformes est encore plus grand pour les sports d'hiver : les militaires ont apporté 40% des médailles françaises aux JO de Sotchi alors qu'ils représentaient 19% des athlètes.
2 Dans l'aviation légère de l'armée de terre, un pilote sur cinq est inapte aux "missions de guerre"
En raison des opérations extérieures, les soldats qui restent en métropole ont de moins en moins de matériel pour s'entraîner. Une situation qui pose un problème de compétence, souligné dans le rapport. "Les militaires ont le sentiment de ne pas avoir les moyens suffisants pour s’entraîner et redoutent une baisse de leurs capacités opérationnelles", pointe le texte.
Ses auteurs mettent en avant deux chiffres, révélés par le chef d'état-major des armées devant l'Assemblée en février : 20% des pilotes de l'aviation légère de l'armée de terre "ne sont pas aptes [à être envoyés en] 'mission de guerre', faute d'heures de vol" et "moins de 60% des équipages de transport tactique de l'armée de l'air sont qualifiés à l'atterrissage sur terrain sommaire". Ce problème ne concerne pas que les aviateurs. "Les membres du Haut Comité ont pu rencontrer des équipages de blindés qui n’avaient ni tiré, ni manœuvré avec leur matériel de dotation depuis près de deux ans", relève le rapport.
3L'armée compte 16% de femmes, ce qui en fait l'une des plus féminisées d'Europe
Si on la compare avec les autres pays européens, "la France dispose d'une fonction militaire parmi les plus féminisées en Europe", souligne le rapport, sans toutefois offrir de point de comparaison. Fin 2016, le taux moyen de féminisation (armée et gendarmerie) était de 16%. Ce chiffre masque cependant de fortes disparités : le service de santé des armées est féminisé à 58,8%, quand on compte moins de 1% de femmes chez les "spécialistes du 'combat des blindés'" ou dans "l'infanterie de l'armée de terre".
4Les immigrés et descendants d'immigrés représentent 12,8% des militaires du rang
Plus féminine, l'armée française est aussi plus ouverte aux immigrés et à leurs descendants. "La part d’immigrés et de descendants d’immigrés est de 11% dans la population française et de 12,8% parmi les militaires du rang", note le rapport. Un chiffre qui tombe cependant à 7,8% en y intégrant les officiers et les sous-officiers.
C'est toutefois plus qu'en Grande-Bretagne, où les soldats issus des minorités ethniques ne représentent que 3,4% des forces militaires, contre 14% de la population globale. Les auteurs du rapport tiennent à cette "fonction intégratrice" de l'armée. "Cet atout pour les forces armées l’est aussi pour la République et la Nation. Il est donc très souhaitable que cette tendance s’affirme dans les autres catégories hiérarchiques (sous-officiers et officiers)", affirment-ils.
5Un colonel déménage une dizaine de fois dans sa carrière
Dans son rapport, le Haut Comité s'inquiète d'un problème de fidélisation des militaires. Seuls 64,9% des militaires du rang rempilent ainsi dans l'armée de terre et 58,3% dans l'armée de l'air après un premier contrat. Des départs qui s'expliquent par le manque d'entraînement mais aussi par les conditions de vie, en particulier la mobilité, "au cœur des demandes de meilleure conciliation entre la vie professionnelle et la vie personnelle".
Quelques chiffres permettent de mesurer ce problème. "Sur une carrière, en moyenne, un colonel vit une dizaine de déménagements", pointe le rapport. Et, en 2016, le taux de mobilité global des militaires était quatre fois supérieur à celui de la population française (12,2% contre 3,3%). Une contrainte qui explique un fort taux de chômage chez les conjoints de militaire, jusqu'à 32% dans l'année qui suit la mobilité d'un membre de la marine.
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