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Drones armés : "C'est une étape symbolique, pas une révolution"

La France a annoncé, mardi, qu'elle allait se doter de drones armés à l'horizon 2019. Franceinfo a interrogé un spécialiste en stratégie militaire pour savoir ce que change vraiment cette décision.

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La ministre des Armées Florence Parly devant un drone, à la base barkhane près de Niamey (Niger), le 31 juillet 2017. (BOUREIMA HAMA / AFP)

Comme les Etats-Unis, Israël et le Royaume-Uni l'ont fait dans le passé, la France va se doter à son tour de drones armés. Florence Parly, en a fait l'annonce, mardi 5 septembre. "J'ai décidé d'engager le processus d'armement de nos drones de renseignement et de surveillance", a déclaré la ministre des Armées devant un parterre de militaires et de parlementaires, à l'Université d'été de la Défense à Toulon (Var). Dans un premier temps, il s'agira d'armer les drones Reaper achetés aux Etats-Unis et actuellement utilisés pour les opérations de surveillance des jihadistes au Sahel

Franceinfo a interrogé Frédéric Coste, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) pour savoir ce que cette décision change vraiment.

Franceinfo : Peut-on considérer que cette annonce est importante ? 

Frédéric Coste : Oui, parce qu'elle clarifie la position de la France sur le sujet de l'armement des drones. Jusque-là, les autorités semblaient dans un entre-deux. D'un côté, elles étaient frileuses à l'idée de franchir le pas. Et de l'autre, persuadées que c'était indispensable. La preuve, des programmes d'études étaient régulièrement mis en place. Ce n'était pas évident de suivre. Cette fois, c'est tranché : le feu est passé au vert.

On sentait aussi qu'il y avait un blocage éthique...

Vous avez raison : certains craignaient les bavures, voire les humiliations de population. A mon avis, c'est un faux débat. Je ne dis pas qu'il n'y a jamais eu de problèmes, mais si le droit des conflits armés est respecté, il n'y a pas de problème. Que ce soit un drone ou un avion de chasse, c'est toujours l'homme qui est aux commandes, et donc qui décide.

Sur un plan militaire, ça va changer quoi ?

Beaucoup de choses. Le véritable avantage, c'est l'efficacité sur le terrain. Ça n'a rien à voir avec un avion de chasse. Lui nécessite la présence d'un pilote à bord, c'est du stress, de la fatigue... Donc la durée du vol est forcément limitée. Au bout de cinq heures, l'appareil est obligé de revenir au sol, et il faut organiser une relève. Avec un drone armé, on n'a plus ce genre de problème : certains peuvent voler pendant trente heures sans ravitaillement, seules les équipes au sol ont besoin de se relayer.

L'autre avantage d'un drone, c'est la rapidité d'intervention. Il lui faut quelques secondes seulement pour atteindre une cible. Un avion de chasse, c'est de l'ordre d'une dizaine de minutes.

Frédéric Coste

à franceinfo

Les risques humains sont donc limités....

Complètement. Les militaires sont bien mieux préservés avec les drones, ils ne sont pas au contact direct de l'ennemi. Les équipes qui pilotent les drones travaillent à distance, elle se trouvent parfois à plusieurs milliers de kilomètres de l'appareil. Enfin, dernier point fort : les drones sont théoriquement moins chers à faire voler que des avions de chasse. 

Avec cette annonce, diriez-vous que la France revient dans la course ? 

Je dirais plutôt que c'est une étape symbolique, mais pas une révolution. On ne parle là que de six drones Reaper, dont la plupart servent aujourd'hui pour les opérations de surveillance des jihadistes au Sahel. Soyons raisonnables : six, c'est peu. Ça ne va pas bouleverser le champ militaire. Disons qu'on rattrape un peu le retard que l'on avait pris sur les autres armées, comme les Etats-Unis, Israël et la Grande-Bretagne. Ce sont les trois pays les plus avancés en matière de drones armés.

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