Découverte de l'épave du sous-marin "La Minerve" : "C'est une énorme émotion, c'est la fin d'un long combat"
Le fils du lieutenant de vaisseau qui commandait "La Minerve" au moment de sa disparition témoigne sur franceinfo : "On était bien peu nombreux à espérer pouvoir encore localiser une épave qui, il y a encore peu de temps, n’intéressait plus personne."
"C'est une énorme émotion. C'est la fin d'un long combat. Toutes les familles se sont passé le relais depuis 50 ans pour mener ce combat", a réagi sur franceinfo lundi 22 juillet Hervé Fauve, fils du lieutenant de vaisseau André Fauve qui commandait le sous-marin La Minerve, disparu le 27 janvier 1968, pendant un exercice. L'épave a enfin été retrouvée, 51 ans après sa disparition, a annoncé lundi la ministre des Armées, Florence Parly. La Minerve avait coulé en seulement quelques minutes au large de Toulon avec 52 marins à bord.
franceinfo : Qu’avez-vous ressenti en apprenant que l’épave avait enfin été localisée ?
Hervé Fauve : C’est une énorme émotion, la fin d’une très très longue attente. On était bien peu nombreux à espérer pouvoir encore localiser une épave qui, il y a encore peu de temps, n’intéressait plus personne. C’est la fin d’un long combat, ce n’est pas simplement mon combat. Toutes les familles se sont passé le relais depuis 50 ans pour mener ce combat. Au départ j’avais cinq ans, donc je n’avais pas l’âge pour me lancer dedans, mais par la suite il y a eu les parents, les frères, les sœurs, les épouses et maintenant les enfants des marins qui se sont battus pour pouvoir savoir ce qui s’était passé, pour pouvoir localiser l’épave. Ça a été un combat incessant sur les 51 dernières années.
L’épave a été retrouvée à 45 kilomètres de Toulon, à 2 400 mètres de fond, est-ce que cela coïncide avec vos recherches ?
Je me suis toujours appuyé sur les informations auxquelles nous avions accès de la part de ceux qui avaient effectué les recherches. Ça coïncide avec les dernières informations qui nous ont été communiquées il y a maintenant trois semaines sur l’endroit où La Minerve avait probablement échoué. Nos informations étaient en fin de compte le fruit d’un long travail d’analyse des données de 1968 que l’on a repris à zéro et qui ont permis de déterminer une zone beaucoup plus au sud que celle où on l'avait toujours cherché jusqu’alors. Nous espérons pouvoir organiser une cérémonie sur la zone même dans les mois ou les semaines qui viennent, avec toutes les familles.
Que va-t-il se passer désormais, va-t-on pouvoir remonter l’épave ?
Non, c’est un mausolée sous-marin qui représente une tombe collective pour l’ensemble des marins. Elle restera au fond comme c’est toujours le cas dans de telles circonstances. J’en veux pour preuve les deux autres sous-marins qui sont au large de Toulon, la Sibylle [qui a coulé lors d’un exercice de plongée avec 48 marins à bord en septembre 1952] et l’Eurydice [qui a coulé en mars 1970 avec 57 hommes à bord], qui y sont depuis qu’ils ont disparu.
À ma connaissance, à la minute où je vous parle, le bateau qui a retrouvé La Minerve, le Seabed Constructor, est en train de la mitrailler de photos. J’imagine que ces photos vont être analysées par des spécialistes des sous-marins pour essayer de comprendre un peu mieux ce qui a pu se passer le 27 janvier 1968. Au travers des éléments qui m’ont été communiqués, je pense qu’il y a eu au départ une première avarie de la barre arrière qui a fait que le sous-marin a plongé sous le fond. Cette avarie de la barre arrière qui était quelque chose auquel les marins étaient entraînés n’a pas suffi à faire sombrer. Il y a dû y avoir d’autres causes. Peut-être qu’on aura des explications mais ça je n’en sais rien.
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