: Vidéo Savez-vous vraiment d’où peuvent venir les tomates que vous mangez ?
Le journaliste d’investigation Jean-Baptiste Malet a enquêté pendant deux ans et demi sur les coulisses de fabrication des tomates en conserve. Un travail qui lui a valu d’être récompensé par le prestigieux prix Albert-Londres en 2018. Brut l’a rencontré.
En coulis, en sauce ou en salade, nous consommons chaque année près de 5 kilos de tomates. Son marché est évalué à 9 milliards de dollars, si bien qu'il attire la criminalité organisée. En Italie, la région des Pouilles réalise près de 77 % des exportations mondiales de conserves de tomates, dont une partie revient aux mains de la mafia. Dans son enquête, le journaliste d’investigation Jean-Baptiste Malet a démontré que celle-ci exploitait la main d’œuvre clandestine arrivée d’Afrique. "Énormément de travailleurs migrants qui arrivent en Italie se retrouvent en situation irrégulière, la seule possibilité pour eux de survivre, c’est d’aller travailler non déclaré dans les champs", explique le journaliste.
Esclavagisme moderne
Pour être compétitive dans ce milieu, l’Italie possède une méthode : le caporalato, un système d’exploitation d’ouvriers agricoles à la journée, souvent comparé à de l’esclavage moderne. "J’ai visité une dizaine de guettos dans le sud de l’Italie, ce sont de vastes bidonvilles où s’entassent ces pauvres migrants qui doivent payer un loyer pour leur case, payer pour recharger leur téléphone portable. Ce sont des endroits vraiment insalubres, ce sont des conditions qui sont vraiment terrifiantes", témoigne-t-il. Journées de travail de 14 heures, ramassages des fruits sous 40°C, les conditions de vie de ces migrants sont effroyables, à tel point que certains sont morts d’épuisement ou parfois même assassinés. Au moins d’août 2018, des travailleurs ont manifesté suite à la mort accidentelle de 16 d’entre eux.
Les grands groupes responsables
Pour le ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini - qui souhaite mettre fin à l’immigration clandestine - la mafia est la principale responsable. Selon Jean-Baptiste Malet, la réalité est un peu plus complexe. "Quand les géants, les grandes chaînes de supermarché doivent acheter un produit, ils préfèrent fermer les yeux sur ce qu’ils achètent et dire après : ‘je ne sais pas, c'est mon sous-traitant’, plutôt que de voir la réalité en face.“ Pour son travail remarquable, le journaliste s'est vu décerné le prestigieux prix Albert-Londres en 2018. En Italie, son livre a cependant disparu des librairies.
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