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Sans bars ni festivités, le Beaujolais nouveau arrive dans une ambiance morose

Le millésime 2020 du Beaujolais nouveau arrive jeudi 19 novembre. Mais sans restaurants ni bars, fermés en raison de la crise sanitaire, les ventes seront largement moins importantes cette année.

Article rédigé par Guillaume Gaven - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le Beaujolais nouveau 2020 est arrivé (illustration). (LIONEL VADAM / MAXPPP)

Le Covid-19 a-t-il tué le Beaujolais nouveau ? Il n'y a pas de grande fête prévue jeudi 19 novembre comme lors des autres années, pour cause de confinement et de fermeture des bars et des restaurants. Les ventes, en France et à l'export, sont en recul, toute la région fait aujourd’hui ses comptes.

Dans les vignes de Gilles Gelin, à Lancié (Rhône), le paysage peut être trompeur, il reste encore pas mal de grappes de raisin sur ces parcelles de Beaujolais-village : "Ce ne sont pas des raisins, c'est ce que l'on appelle des 'verjus', des raisins de deuxième génération. Sur certaines jeunes vignes parfois on a l'impression qu'on n'a pas vendangé, mais en fait c'est raisins-là, quand on en mange, ils sont verts."

Des baisses sur tous les marchés

Ce n’est donc pas faute de débouchés que les vignerons ont laissé le raisin sur pied, c'est juste que cette année, ils ont préféré être prudents, en faisant moins de Beaujolais nouveau. Le domaine des Nugues par exemple, en temps normal, en vend 80 000 bouteilles. "Cette année, au final on sera autour de 70 000, explique Gilles Gelin. On a quelques personnes qui font du click and collect et de vente à emporter sur les trois ou quatre jours de Beaujolais nouveau, mais ça ne compensera pas. Les cavistes ont fait le mieux possible, même s'ils ne peuvent pas faire de soirées, les enseignes de grande distribution ont fait leurs commandes... Donc je pense qu'on sera sur une baisse d'à peu près 12 à 20%."

Gilles Gelin, viticulteur au domaine des Nugues à Lancié (Rhône), dans ses vignes, le 16 novembre 2020. (GUILLAUME GAVEN / RADIO FRANCE)

Même bilan chez le plus gros négociant de la région, les vins Georges Dubœuf. Son directeur général, Franck Dubœuf, avoue du bout des lèvres une baisse de 10% cette année et même un peu plus sur son principal marché export, le Japon : "Sur ce marché, nous avons subi une érosion sur les commandes, d'environ 15%."

"Il y a des phénomènes de peur, on se sent un peu tous pris dans le filet aujourd'hui."

Dominique Piron, le président de l’interprofession

à franceinfo

Et encore, on est en-deçà de la réalité, estime pour sa part le président de l’interprofession Dominique Piron : "Aujourd'hui, il nous manque 15 000 ou 20 000 hectolitres par rapport à d'habitude, ça représente 20 à 25%. On s'y attendait, parce que certains pays en commandaient moins, les cafés et les restaurants sont fermés, les acheteurs de grosses entreprises sont prudents. Mais en même temps, si on réussit à vendre encore 15 à 17 millions de bouteilles dans les prochains jours, ça reste quand même honorable vu les circonstances actuelles."

D’autant que tout ce qui n’est pas vinifié en "nouveau" le sera en beaujolais traditionnel, le vin n'est pas périssable. Et les vignerons sont très fiers de la qualité du millésime 2020.

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