: Reportage Agriculture : malgré la guerre en Ukraine, la perspective de bonnes récoltes permet d'envisager une baisse des cours
Dans la Marne, près de Châlons-en-Champagne, ce sont les derniers jours de moisson en cette fin juillet. Au milieu des champs appartenant à Hervé Lapie, une dizaine de moissonneuses-batteuses s'activent dans un nuage de poussière de blé. "Les conditions sont idéales pour faucher le sol. Il fait beau, il ne fait pas très chaud, il n'y a pas beaucoup de vent, il y a un peu d'air. Et puis, la qualité de la récolte est bonne", assure l'agriculteur, le sourire aux lèvres.
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Même si les premières remontées de terrain font état de pas mal d'hétérogénéité selon les régions, et même selon les sols, il semble que les céréales aient moins souffert qu'en 2022. La récolte 2023 s'annonce normale. Cela redonne un peu le moral aux céréaliers, mais aussi aux marchés qui suivent avec inquiétude les soubresauts de la guerre en Ukraine.
"Une moyenne correcte"
Dans ses champs, Hervé Lapie fait une petite pause, le temps de discuter avec l'un de ses voisins, associé pour l'utilisation du matériel, des rendements à l'hectare. "C'est assez hétérogène. Chez nous, ça va peut-être être à peu près régulier, mais on voit bien qu'il y a des parcelles qui font 60 quintaux quand d'autres font plutôt 90", explique Hervé. Son voisin, quant à lui, évoque "une moyenne correcte".
La moissonneuse ne s'arrête jamais. Dès qu'elle est pleine, un tracteur s'approche pour décharger et le ballet se poursuit jusque tard dans la soirée. C'est un travail long et répétitif qui laisse du temps pour réfléchir aux enjeux géopolitiques du moment. "On voit bien qu'aujourd'hui, avec le bombardement du port d'Odessa en Ukraine, le prix des céréales bondit en ce moment, analyse le Marnais. Parce qu'il y a cette crainte de ne pas pouvoir sortir les céréales d'Ukraine, et notamment pour des pays comme l'Egypte, la Libye ou l'Algérie, qui ne sont pas en capacité de produire chez eux. Et on sait que quand certains pays ont faim, souvent cela donne lieu à des émeutes qui se terminent mal".
La Russie, premier exportateur de blé tendre
Ces craintes sont tempérées par les prévisions de bonnes récoltes un peu partout dans l'hémisphère nord. "On n'est pas le seul pays à avoir une récolte qui s'annonce bonne, souligne Marine Raffray, agroéconomiste aux Chambres d'agriculture. On sait désormais que la Russie est le premier exportateur de blé tendre, que ses parts de marché ont même continué à progresser depuis l'entrée en guerre avec l'Ukraine. Finalement, le mouvement baissier qu'on observe déjà sur les marchés depuis à peu près six mois est le reflet de ces anticipations de bonnes moissons". Les hausses des cours de ces derniers jours ne seraient donc qu'un épiphénomène.
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