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Réintroduction d'ourses dans les Pyrénées : "La France doit prendre sa part de responsabilité" face à la perte de la biodiversité, selon Nicolas Hulot

Invité sur France Bleu Béarn mercredi matin, le ministre de la Transition écologique et solidaire s'est dit certain de trouver un "chemin d'entente" avec les éleveurs après l'annonce de la réintroduction de deux ourses dans les Pyrénées-Atlantiques.

Article rédigé par franceinfo
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Un ours à l'état semi-sauvage dans un parc animalier des Angles, en Languedoc-Roussillon. (RAYMOND ROIG / AFP)

Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, a annoncé cette semaine la réintroduction de deux ourses dans les Pyrénées-Atlantiques cet automne, provoquant au passage la colère de certains éleveurs. Mercredi matin sur France Bleu Béarn, Nicolas Hulot s'est dit certain de trouver un "chemin d’entente" avec les éleveurs de montagne, mettant en avant l'importance de "l’écoute, le dialogue, la concertation". "Cette réintroduction s’inscrit dans quelque chose qui nous dépasse largement, dans notre responsabilité d’homme, a estimé le ministre. Elle s’inscrit dans ce grand fléau, cette grande tragédie invisible qu’on appelle la perte de la biodiversité. Et la France doit prendre sa part de responsabilité."

France Bleu Béarn. Comment allez-vous faire accepter ces ourses aux éleveurs de montagne ?

Nicolas Hulot. Il n’y a pas de recette miracle. Vous savez, il y a un mot-clef, c’est l’écoute, le dialogue, la concertation, qui a démarré depuis longtemps dans ce territoire. Je vais demander au préfet d’écouter l’ensemble des acteurs concernés par cette réintroduction, et on ne la réussira que si on marche dans la même direction. J’entends bien que c’est plus facile d’être enthousiaste sur l’introduction de deux ourses quand on n’est pas concerné au quotidien par les conséquences de cette présence sur ce territoire, mais moi je veux additionner les intelligences et les expériences.

Avez-vous conscience que vous relancez les hostilités ?

Non, je ne veux pas souscrire à ce vocabulaire-là, les hostilités, les confrontations… Il y a un moment où il faut qu’on arrête de dresser les uns contre les autres. On est un pays en paix. Je ne pars pas dans cet esprit-là. Je sais que les éleveurs peuvent très bien comprendre que cette réintroduction s’inscrit dans quelque chose qui nous dépasse largement, dans notre responsabilité d’homme, elle s’inscrit dans ce grand fléau, cette grande tragédie invisible qu’on appelle la perte de la biodiversité. Et la France doit prendre sa part de responsabilité (…). L’ours c’est une brique de cet enjeu, et je ne peux pas imaginer qu’ensemble on n'arrive pas à réussir cette réintroduction. On va les écouter. Je comprends que parfois cela se passe mal, je peux imaginer ce qu’est la détresse d’un éleveur quand il y a un dérochement, et qu’il retrouve une partie de son troupeau au fond d’un ravin. Évidemment je ne suis pas insensible à cela…

Irez-vous jusqu’au bout ? Il n’y aura pas de renoncement quelle que soit l’opposition que vous rencontrerez sur le terrain ?

Je ne ferai pas preuve d’autoritarisme, je ne suis pas dogmatique. Je veux faire appel à la sensibilité, à l’intelligence, à la compréhension, à l’imagination. 80% de la population de ce territoire se dit favorable à la réintroduction de l’ours, 90% des Français le souhaitent. Je suis certain qu’on va trouver un chemin d’entente. À partir du moment où l’écoute n’est pas une posture. Est-ce que moi, en tant que ministre, j’ai envie d’être celui dont on retiendra qu’à un moment très particulier où on pouvait encore sauver ce qu’il reste de la souche pyrénéenne, puisque Cannellito est le dernier qui en a encore des gènes, on ne lui donne pas de descendants ? Je n’ai pas envie que nous soyons ceux qui auront été là, et qui à un moment donné ou à un autre, au prétexte que c’est un peu compliqué, que cette cohabitation donne des soucis supplémentaires à un exercice qui est déjà largement en difficulté…

Est-ce qu’il y aura des mesures d’accompagnement, des aides pour la protection des troupeaux ?

Bien entendu qu’il y aura des mesures d’accompagnement. C’est cela que je voudrais que le préfet, qui va organiser cette consultation, identifie. Je viendrai ensuite pour trancher et valider les mesures d’accompagnement. Prenons le temps de réussir, mais ne partons pas avec l’idée qu’on rentre dans une période de confrontation (…). Essayons de partir dans un esprit positif, constructif…

Est-ce qu’il y aura d’autres ours ou uniquement deux ?

Pour l’instant, on introduit deux ourses femelles, ne serait-ce que parce que vous avez dans ce foyer-là des Pyrénées-Atlantiques deux mâles qui sont totalement isolés, et qui n’ont aucun avenir si on ne leur met pas deux compagnes. Commençons par cela : pour l’instant, ma décision se limite à cela.

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