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Prix des fruits en baisse : "ça va devenir très compliqué" pour certains producteurs

Le président de la fédération nationale des producteurs de fruits, Luc Barbier, regrette la forte baisse des prix des fruits, sur franceinfo vendredi. Pour lui, cette baisse est principalement expliquée par le "télescopage avec la production espagnole".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une cliente s'empare de son sac d'achat sur un stand de fruits et légumes, le 20 novembre 2011 sur un marché à Lille. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Les prix des fruits, comme les cerises et les abricots, sont en forte baisse en ce moment. De quoi réjouir les consommateurs mais pas les producteurs. Sur franceinfo vendredi 14 juillet, Luc Barbier, président de la fédération nationale des producteurs de fruits, estime qu'il y a "un risque majeur pour qu'un certain nombre d'arboriculteurs se retrouvent en très grande difficulté". Il appelle les consommateurs à acheter français pour venir en aide aux agriculteurs.

franceinfo : Comment expliquer cette baisse des prix des fruits ?

Luc Barbier : Il y a sans doute plusieurs facteurs. Je pense déjà une moindre consommation, liée au contexte d'incertitude électorale. Les années d'élection présidentielle, il y a toujours une baisse de la consommation. Il y a aussi une précocité assez forte, on est en avance d'une quinzaine de jours, donc les fruits sont arrivés un peu plus en avance que d'habitude sur les étals, et les consommateurs ne sont pas prêts. Et puis le point le plus important à mon avis, c'est qu'il y a un véritable télescopage avec la production espagnole. Comme on a 15 jours d'avance et que les Espagnols sont plutôt sur un calendrier normal, il y a un télescopage entre les productions, et puis les volumes de production en Espagne, notamment en abricots, ont augmenté de presque 20% par rapport à l'année dernière. Ce qui fait qu'en plus ils ont des volumes supplémentaires. De mémoire d'arboriculteur, on n'a jamais connu une campagne aussi exécrable en matière de prix pour les abricots. Pour le producteur, on est entre 40 et 50 centimes. Le prix d'équilibre c'est 1 euro, 1 euro 20.

Y-a-t-il un risque que certains producteurs ne s'en sortent pas ?

Il y a un risque majeur pour qu'un certain nombre d'arboriculteurs se retrouvent en très grande difficulté. D'autant plus que dans certains secteurs ils ont la triple peine. Ils ont été impactés par le gel, ils ont pris la grêle, et là on a un problème de marché. Quand on cumule les trois ça va devenir très compliqué.

Est-ce qu'il y a d'autres fruits concernés ?

On a démarré la campagne par la cerise, qui ne s'est pas très bien passée. L'abricot a sombré dans une crise majeure. Et puis là on est dans le début de la campagne pêches et nectarines, pour le moment on est à la limite de la rentabilité. L'enjeu c'est ce week-end et la semaine prochaine. On est sur la crête. Soit on tombe du bon côté et le marché va être fluide et ça va bien se passer, soit on fait comme l'abricot et on tombe du mauvais côté, et on va rentrer encore une nouvelle fois en crise. A l'heure actuelle la grande distribution joue plutôt le jeu sur l'origine France. Maintenant on attend que le consommateur joue le jeu aussi, ça veut dire que si on a le choix dans un rayon, même s'il y a quelques centimes d'écart, il est préférable de consommer du produit français.

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