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Deux avocats américains plaident coupable de tentative d'extorsion de fonds auprès d'un fournisseur de Monsanto

Timothy Litzenburg, qui avait fait défendu avec succès le jardinier Dewayne Johnson contre le géant de l'agrochimie Monsanto, et Daniel Kincheloe ont reconnu avoir menacé une entreprise de pesticides de poursuites judiciaires si elle ne leur versait pas 200 millions de dollars.

Article rédigé par franceinfo
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L'un des avocats mis en cause faisait partie de l'équipe de défense qui a fait condamner en août 2018 le fabricant du Roundup, l'entreprise Monsanto. (JOSH EDELSON / AFP)

Ils ont reconnu les faits. Deux avocats américain ont plaidé coupable de tentative d'extorsion de fonds, a annoncé vendredi 19 juin le ministère de la Justice américain (en anglais). Parmi eux, le désormais célèbre Timothy Litzenburg, qui avait participé en 2018 à un procès retentissant contre l'entreprise Monsanto"C'est une affaire dans laquelle deux avocats ont dépassé les bornes d'une défense agressive pour se retrouver sur le terrain d'un chantage illégal, dans une tentative effrontée de s'enrichir aux dépens d'une multinationale", a résumé le procureur adjoint, Brian Benczkowski. 

Timothy Litzenburg et Daniel Kincheloe ont reconnu avoir approché en octobre 2019 une entreprise chimique pour la menacer d'un procès si elle ne leur versait pas 200 millions de dollars (environ 177 millions d'euros). Cette procédure judiciaire "va devenir un problème constant et exponentiel pour l'entreprise, particulièrement quand les médias s'en empareront", promettent les deux avocats. Il s'agit, selon le Wall Street Journal (en anglais), du groupe néerlandais Nouryon, qui fournit à Monsanto l'une des composantes de son herbicide Roundup.

Un membre de l'équipe d'avocats qui a fait tomber Monsanto

Cet herbicide, dont le principe actif est le glyphosate, était au cœur du procès remporté par une équipe d'avocats à laquelle appartenait Timothy Litzenburg en 2018. Le fabricant Monsanto avait été condamné à verser 290 millions de dollars (environ 257 millions d'euros) à son client, Dewayne Johnson, un jardinier atteint d'un cancer du système lymphatique qu'il attribue au Roundup. La dangerosité du glyphosate, classé "cancérigène probable" par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) mais pas par les agences de régulation, avait été au centre des débats. Le procès avait également permis d'exhumer des documents internes à la firme, les fameux "Monsanto Papers", qui révélaient des pratiques de "ghostwriting" pour influencer la réglementation sur ses produits.

Quelques semaines après ce procès, en septembre 2018, Timothy Litzenburg avait été licencié par son cabinet, The Miller Firm, pour son "comportement erratique". Dans une plainte pour vol de contacts de clients déposée en février 2019, bien avant l'arrestation pour tentative d'extorsion, et mise en ligne par Reuters, Timothy Litzenburg est décrit comme un "avocat junior", chargé de la communication, mais travaillant sur le dossier Johnson sous la supervision d'avocats plus expérimentés. L'intéressé n'apparaît d'ailleurs pas sur les photos de presse du procès, où l'on voit d'autres avocats aux côtés du jardinier.

Puisque les deux hommes ont plaidé coupable, il n'y aura cette fois-ci pas de procès. Selon le communiqué de la justice américaine, Timothy Litzenburg et Daniel Kincheloe seront fixés sur leur peine le 18 septembre. "Cette affaire souligne que lorsqu'un crime est commis, les membres du barreau, comme n'importe quel citoyen, doivent rendre des comptes", s'est félicité le procureur adjoint.

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