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"Le surcoût à la production est réel" : l'abandon de l'élevage de poules en cage est en progrès, mais il faut encore investir

Pour passer à l'élevage au sol ou en plein-air pour les 9 millions de poules restantes, cela va coûter 280 millions d'euros aux éleveurs. Au final, la facture risque de se répercuter sur les consommateurs.

Article rédigé par Sophie Auvigne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des poules pondeuses dans un élevage bio à Laître-sous-Amance en Meurthe-et-Moselle.  (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

Journée mondiale de l'œuf oblige, la filière française dresse son premier bilan sur l'élevage en batterie. La profession s'est engagée à réaménager la moitié des poulaillers d'ici 2022 et donc à prendre en compte le bien-être animal. Un an plus tard, les progrès sont là avec 13% de poules supplémentaires hors-cage, mais il faut encore investir sérieusement. La profession a fait ses calculs. Pour passer à l'élevage au sol ou en plein-air pour les 9 millions restantes, cela va coûter 280 millions d'euros aux éleveurs. Toutefois, celui qui est censé payer à la fin, c'est le consommateur.

On n'a pas de vision sur ce que le consommateur est prêt à payer.

Maxime Chaumet
secrétaire général du CNPO

à franceinfo

Le consommateur "est prêt à payer plus pour des produits 'plus haut de gamme', mais on ne sait pas combien", explique Maxime Chaumet. Le secrétaire général du Comité national pour la promotion de l'œuf explique que "si on prend un œuf pondu dans une cage, le surcoût pour un œuf pondu au sol, c'est à dire les poules qui sont élevées en liberté dans un bâtiment, est déjà de 18% à la production". Le taux grimpe encore si l'élevage est fait en plein air. Il est "de l'ordre de 20 à 25% plus cher", précise-t-il. "Si l'on va sur les segments bio, c'est plus du double par rapport à un œuf cage", poursuit l'éleveur.

"Effectivement, le surcoût à la production est réel. On a besoin de mode d'élevage alternatif, mais on a aussi besoin d'œufs à des prix 'compétitifs'", estime Maxime Chaumet. En clair, on ne fait pas tomber toutes les cages comme promis à l'époque par le candidat Emmanuel Macron, loin de là. Il y a d'abord les œufs utilisés par les professionnels, le secteur de l'agroalimentaire ou encore de la restauration. Les trois quarts sont pondus dans une cage. La grande distribution ne semble pas si pressée de passer à autre chose.

Une transition difficile

"Aujourd'hui, la transition ne se fait pas exactement comme elle était prévue", juge Loïc Coulombel. Le président du Syndicat national des industriels et professionnels de l'œuf "a l'impression que parfois, cela peut-être plus lent et il y a des coups d'accélérateurs à d'autres moments. C'est beaucoup de communications, on a une période difficile à gérer".

Loïc Coulombel souhaite avoir "des rapports un peu plus sain" avec la grande distribution. Pour le moment, "quand on a une baisse des prix de revient, on est convoqué le lendemain. Par contre, quand on a une hausse, il faut attendre deux, trois mois pour avoir un rendez-vous, rapporte le responsable syndical. La grande distribution a un bon rendement sur l'œuf. C'est un produit intéressant pour la grande distribution, ce serait bien de pouvoir renvoyer l'ascenseur de temps en temps".

Du côté des consommateurs, 9 français sur 10 interrogés accepteraient de ne plus trouver que des œufs français. Cela tombe bien, la profession leur propose le nouveau logo "œufs de France". Il sera partout d'ici le printemps.

Reportage de Sophie Auvigne

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