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Guerre en Ukraine : les agriculteurs saluent l'autorisation des cultures sur les terres en jachère en France pour produire davantage

Pour éviter une crise alimentaire mondiale liée à la guerre en Ukraine, la Commission européenne a notamment décidé de lever l'obligation de mettre certaines terres en jachère. Alors que les agriculteurs approuvent la mesure, les écologistes s'inquiètent qu'elle ne soit pas temporaire. 

Article rédigé par franceinfo - Hugo Charpentier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un champ de blé à Saint-Philbert-sur-Risle, le 13 août 2021. Photo d'illustration. (JOEL SAGET / AFP)

En France, certains céréaliers sont prêts à produire davantage pour limiter les conséquences de la guerre en Ukraine. D'habitude, il cultive 140 hectares de céréales mais pour Jean-Philippe Odorico, en 2022, ce sera sans doute un petit peu plus. "J'ai des terres en jachère, on est en train de les remettre en service, explique l'agriculteur. On met à labourer et on prépare les terres pour semer le sol pour l'automne prochain."  Les ministres européens de l'Agriculture sont tombés d'accord, mercredi 23 mars, pour cultiver les terres en jachère.

Cette méthode qui permet de régénérer les sols et la biodiversité ne sera donc pas obligatoire en 2022. Jusqu'à présent, les céréaliers devaient laisser 4% de leurs terres en jachère. Supprimer cette règle en raison de la guerre en Ukraine est une bonne décision selon cet agriculteur de Haute-Garonne. "On a une pénurie, il faut bien remettre en route la machine, avance Jean-Philippe Odorico. On est obligés de faire le maximum pour essayer de combler le manque." 

La fin définitive des jachères ?

C'est aussi ce que pense Jean-Francois Lamassé, président de la FDSEA en Haute-Garonne : "Il y a très longtemps qu'on explique que s'il y avait une crise comme celle de l'Ukraine, les Français le vivraient très mal. Il y a un petit moment qu'on le dit et personne ne voulait nous croire. Aujourd'hui, on en paye les conséquences." Ce que souhaite désormais ce céréalier, c'est la fin définitive des jachères.

"Il faut retravailler normalement pour que le Français ne payent pas la baguette de pain 4 euros. Il faut que l'on puisse continuer à pouvoir exporter et rester dans l'économie mondiale et européenne."

Jean-Francois Lamassé, président de la FDSEA en Haute-Garonne

à franceinfo

Une perspective qui inquiète les écologistes. En charge de l’agriculture et de l’alimentation pour Greenpeace France, Laure Ducose dénonce un retour en arrière : "C'est provisoire mais on est très méfiant parce que l'on a eu beaucoup d'annonce ces dernières années sur ce qui était 'provisoire'." La militante prend pour exemple les pesticides néonicotinoïdes ou celui "du glyphosate qui devait être interdit et qui ne l'a pas été".

"C'est l'une des très rares avancée environnementale qui existe au niveau européen et l'agro-industrie est allée demander l'annulation de cette mesure."

Laure Ducose, Greenpeace France

à franceinfo

Selon cette militante, il existe pourtant d’autres solutions pour produire davantage de céréales. "On pourrait faire autrement, avance Laure Ducose. Par exemple, on pourrait utiliser les terres dédiées aux agrocarburants. On pourrait produire un peu moins d'alimentation pour les animaux et donc compenser largement les pertes de l'Ukraine et de la Russie et pouvoir contribuer à nourrir d'autres pays si besoin mais pas en cultivant les jachères." Selon la Commission européenne, l’utilisation des jachères pourrait libérer un potentiel de 4 millions d'hectares supplémentaires.

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