Des panneaux solaires dans un champ de fraises : en Suisse, le pari de l’agrivoltaïsme contre le réchauffement climatique
À Conthey, dans le canton du Valais, en Suisse, une entreprise ambitionne de révolutionner ce procédé qui combine production de fruits et de légumes avec celle d’électricité photovoltaïque.
Si la technologie, sans sobriété, ne peut pas, à elle seule, contenir le réchauffement climatique, elle peut quand même sacrément aider. En témoigne l’essor de l'agrivoltaïsme, que l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) définit comme des installations qui permettent de coupler une production photovoltaïque secondaire à une production agricole principale en permettant une synergie de fonctionnement démontrable. En somme, une pratique agricole qui combine production de fruits et de légumes avec celle d’électricité photovoltaïque.
Le problème est que les rendements sont généralement moins bons à cause de l’ombre des panneaux sur les cultures. Mais pas en Suisse, où une entreprise teste une technologie qui promet de révolutionner le procédé et notre rapport à l’agriculture.
Des panneaux déployés sur 165 m2 de fruits rouges
À Conthey, dans le canton du Valais, dans la serre high-tech du centre de recherche Agroscope, on produit plus d’énergie qu’on en consomme pour faire pousser les plantes. Mathieu Ackermann est le co-fondateur de l’entreprise Insolight qui a fabriqué les panneaux solaires intelligents déployés sur 165 m² de fruits rouges : "Les panneaux sont pilotés par un algorithme qui détermine à chaque moment de l'année quelle est la quantité de lumière qui est nécessaire pour les plantes", explique-t-il.
"Si au cours de la journée, on dépasse certaines températures ou qu'il y a trop de lumière, les panneaux vont progressivement se fermer et laisser passer moins de lumière."
Mathieu Ackermanà franceinfo
Autre avantage : le dispositif promet de lutter contre l’artificialisation des sols. Et il serait aussi plus économique que les serres en plastique. "Nous proposons à l'agriculteur un coût identique ou même inférieur à celui des tunnels plastiques qu'il utiliserait de toute façon pour protéger ses cultures, assure Mathieu Ackerman. Les tunnels plastiques peuvent être emportés par le vent ou endommagés par la grêle, et doivent être remplacés tous les quatre ou cinq ans. C'est donc aussi une consommation de plastique non négligeable à laquelle on se substitue."
Le directeur des partenariats à Insolight, Luiggino Torrigiani n’a pas besoin d’être convaincu par le pouvoir du solaire, lui qui a participé à l’aventure de l’avion Solar Impulse. Il en est sûr : l’agrivoltaïsme est un passage obligé si on veut continuer de nourrir la population tout en atténuant les effets du réchauffement :
"Rien qu'en Suisse, sur les baies, on a de quoi couvrir plus d'un million de ménages sur huit millions d'habitants. Imaginez alors au sud de l'Espagne, où il y a des kilomètres carrés de cultures sous serre et qui alimente quasiment toute l'Europe : c'est un potentiel gigantesque !"
Luiggino Torrigianià franceinfo
Si les essais sont concluants, les panneaux solaires pourraient être déployés sur d’autres cultures comme la vigne, les pommes ou les cerises. Le dispositif intéresse d’ailleurs d’autres pays, dont la France, avec des projets à la rentrée dans le Sud-Ouest.
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