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Des addictologues s'inquiètent de la nomination d'une ex-lobbyiste du vin comme conseillère de Macron

Audrey Bourolleau est une ex-déléguée générale de Vin et Société, une instance de lobbying du vin. Elle a été nommée au poste de conseillère agriculture du président de la République.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Audrey Bourolleau de Vin et Société, Yann Schÿler, négociant et propriétaire de château Kirwan, et Yann Le Goaster, de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, lors du salon Vinexpo 2015. (Jean-Pierre Stahl / FRANCE 3)

Une nomination difficile à avaler pour onze associations d'addictologues et six experts en santé publique. Dans un communiqué publié sur internet samedi 27 mai, ils se déclarent inquiets de la nomination d'Audrey Bourolleau, ex-déléguée générale de Vin et Société, une instance de lobbying du vin, au poste de conseillère agriculture d'Emmanuel Macron"La nomination d'une représentante de la filière alcool ne manque pas d'inquiéter sur les conflits d'intérêts qui pourraient survenir au détriment de la santé publique", écrivent-ils.

Les signataires regroupent notamment la Fédération française d'addictologie, l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie et le Collège professionnel des acteurs de l'addictologie hospitalière, ainsi que les experts Gérard Dubois, Irène Frachon, Claude Got, Serge Hercberg, Catherine Hill et Albert Hirsch.

Moralisation de la vie publique jusque dans le choix des conseillers 

"Pour les acteurs de la santé publique, le risque est que la politique agricole et viticole se fasse au détriment d'une politique efficace de lutte contre les consommations nocives d'alcool", poursuivent-ils. Rappelant la volonté affichée par Emmanuel Macron de moraliser la vie publique, ces associations et experts invitent le président "à appliquer cette politique dans le choix de ses conseillers".

Depuis sa nomination, Audrey Bourolleau a démissionné de ses fonctions de déléguée générale de l'association Vin et Société, fonctions qu'elle occupait depuis 2012. Avant cela, elle est passée par Baron Philippe de Rothschild et Heineken, rapporte L'Usine nouvelle.

Les experts rappellent que les coûts pour la société de la consommation excessive d'alcool, "deuxième cause de mortalité évitable après le tabac", sont "considérables"."La taxation sur les alcools, qui rapporte environ 3,2 milliards d'euros par an, ne représente que 37% des soins (7,7 milliards)", indiquent-ils notamment. Ils soulignent également qu'en 2016 la Cour des comptes avait relevé que la filière vin entretenait "la confusion en finançant ses propres études pour attester de la non-dangerosité de l'alcool consommé avec modération".

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